L’un des premiers livres fondateurs de l’ethnologie océanienne

MŒRENHOUT. Voyages aux îles du Grand Océan

Un commerçant, un explorateur, un ethnologue et un diplomate franco-belge qui joua un rôle crucial dans l'établissement de la souveraineté française en Polynésie.

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L’un des premiers livres fondateurs de l’ethnologie océanienne.

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MŒRENHOUT (Jacques-Antoine).

Voyages aux îles du Grand Océan, contenant des documents nouveaux sur la géographie physique et politique, la langue, la littérature, la religion, les mœurs, les usages et les coutumes de leurs habitants et considérations générales sur leur commerce, leur histoire et leur gouvernement, depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours.

Paris, Arthus Bertrand, Libraire-Éditeur, 1837.


2 vol. in-8° [225 x 135 mm] ; XV-574 pp.-2 lithographies hors texte [portrait d’une tahitienne et de « Tati » chef tahitien, ainsi qu’une vue de la baie de « Maïrépéhé » de Jacottet d’après Mœrenhout gravée par Bernard]/VII-520 pp.-1 carte repliée hors texte dessinée par Ambroise Tardieu d’après la carte dressée en 1824 par le capitaine Duperrey et les observations de Mœrenhout-2 lithographies hors texte [portrait d’un chef tahitien « Pafaï », un portrait de « Adams » seul survivant des révoltés du sloop la « Bounty » rencontré aux Îles Pitcairn, ainsi qu’une vue de la baie de « Papeete » de Jacottet d’après Mœrenhout gravée par Bernard].

Un demi-chagrin vert Empire, dos lisse, filets or, titre or, couverures vertes encadrées imprimées en noir et dos conservés, grandes marges, très rares rousseurs, INTÉRIEUR FRAIS, très bel exemplaire.


Format bibliographique : 225 x 135 mm


Vendu


BIBLIOGRAPHIE & HISTORIOGRAPHIE

ÉDITION ORIGINALE.

– « Édition originale d’une insigne rareté surtout dans sa brochure d’origine » (Catalogue : Voyages et Explorations dans les cinq Continents, n° 192, Monaco, 1986 ; précieuse collection de livres anciens de voyages du XVe au XIXe siècle [de Robert Avelot]).

– « Excellent ouvrage, très important pour l’histoire et l’ethnographie de l’Océanie. » (Chadenat, n° 135).

– ‘‘ A very scarce and important work on Tahiti, by a long-time résident who subsequently became a United States Consular official. ’’ (Forbes, Hawaiian National Bibliography, t. II, n° 1065, p. 163).

– “ A valuable work ” (Taylor, A Pacific Bibliography, p. 82).

– Faivre, L’Expansion Française dans la Pacifique, p. 512. – Forbes, t. II, n° 1065, p. 163. – Hill, n° 1170, p. 408. – Jore, Essai de Bibliographie du Pacifique, p. 121. – Krœpelien Collection, Bibliotheca Polynesia, n° 856, p. 281, ne possédait que la réimpression de Adrien Maisonneuve en 1942). – O’Reilly & Reitman, Tahiti, 876. Sabin, 49829. – Streeter Library, n° 365.

Nous vous invitons à lire comme introduction au voyage de Mœrenhout : Léonce JORE : Un belge au service de la France dans l’océan Pacifique. Notice historique et biographique concernant J. A. Mœrenhout Consul général des États-Unis aux îles océaniennes de 1835 à 1837, consul de France à Tahiti de 1839 à 1844, Paris, Adrien Maisonneuve, 1944.

Les Voyages aux îles du Grand Océan furent longtemps un livre introuvable. Nous en devons deux rééditions photostatiques en 1942 et 1959, due à l’initiative de la librairie Adrien Maisonneuve.

– Blais (Hélène). Voyages au Grand Océan. Géographie du Pacifique et colonisation. 1815-1845, Paris, Éditions du CTHS, 2005. 

Remarques critiques sur cet ouvrage dans :

– Bovis, État de la société tahitienne à l’arrivée des Européens, p. 41, note n° 1.

– Paul de Deckker, dans sa biographie Jacques-Antoine Moerenhout (1797-1879), ethnologue et consul, publié aux éditions Au Vent des Îles – Tahiti :       « (...) ces observations détaillées formaient d’une certaine manière un vade-mecum précieux pour quiconque, à l’époque, voyageait dans le Pacifique oriental. »

– Herman Melville fit allusion au commerce florissant de la nacre auquel se livrait Mœrenhout dans son roman : Omoo, récits des Mers du Sud. Il le décrit en ces termes : « Pendant longtemps, Mœrenhout, consul de France à Tahiti, mais Hollandais de naissance (en réalité de nationalité belge), s’occupa de cette affaire. On prétend qu’en un an, il expédia en France pour cinquante mille dollars d’écaille. »


Un négociant, armateur et ethnographe en Polynésie orientale : 1828-1834.

L’expansion française dans le Pacifique.

Officiellement, la France se désintéresse de la Polynésie. Un Belge encore inconnu, Jacques-Antoine Mœrenhout, entreprend, d’abord au service d’une compagnie commerciale néerlandaise de Valparaiso, puis pour son compte propre, une série de voyages de 1828 à 1834, qui allaient faire de lui l’un des « créateurs » de la géographie et de l’ethnologie polynésienne.

Un témoin de première valeur, une documentation de première main sur la Polynésie française et Tahiti. La première relation détaillée des îles de l’Océanie, et en particulier de l’Archipel de la Société.

L’UN DES MEILLEURS OUVRAGES SUR LE TAHITI ANCIEN. MŒRENHOUT A ÉTÉ EN RAPPORT AVEC DE NOMBREUX NATURELS DES ÎLES, OÙ IL A VÉCUT LONGTEMPS FAMILIÈREMENT AUX CÔTÉS DES GRANDS CHEFS. L'AUTEUR A CONNU LES SURVIVANTS DE LA PREMIÈRE GÉNÉRATION DES MISSIONNAIRES ET LES DERNIERS TÉMOINS DES RÉVOLTÉS DE LA « BOUNTY ».

L’ouvrage se présente comme une somme qui envisage tous les aspects de la culture polynésienne dans les cinq archipels. Les informations sont puisées aux meilleures sources, le texte de Mœrenhout passe pour l’un des plus canoniques aux yeux des océanistes.

« J’ai dû, à la singularité d’une position tout exceptionnelle, l’avantage d’acquérir, sur l’Océanie et sur les Océaniens, des notions que ne pouvaient se procurer aussi bien que moi, ni les navigateurs, qui ne faisaient que passer dans les localités à connaître, ni même les missionnaires, en raison des préjugés propres à leur état […] J’avais fondé aux îles de la Société un établissement de commerce […] Les intérêts de ce commerce m’ont donné occasion de visiter, en personne, dans quatre voyages consécutifs, un grand nombre de ces îles ; d’établir et d’entretenir des relations continuelles sur presque tous les points de l’Océanie, depuis Pitcaïrn et Gambier jusqu’aux Fidji, et depuis la Nouvelle-Zélande jusqu’aux Sandwich […] Je me suis, nécessairement, trouvé au courant de tout ce qui concerne ces îles même et les peuples qui les habitent. Pendant un séjour de près de six années à O-taïti, j’ai constamment fréquenté leurs habitants ; et, souvent […] j’ai vécu absolument à leur guise, mangeant à leur table, buvant à leur coupe et dormant sous leur toit. Je me suis donc vu, en quelque sorte, de force ou volontairement, initié aux secrets de leur vie […] Leurs coutumes, leurs vertus et leurs vices me devinrent également familiers ; et, non seulement j’ai pu, mieux que personne, saisir toutes les nuances de leur caractère et de leurs mœurs, mais encore des liaisons intimes avec plusieurs de leurs principaux chefs, m’ont permis à portée de recueillir les notions les plus précises et les plus intéressantes sur leur religion, leur gouvernement, leur histoire. Enfin, ayant rencontré, dans mon voisinage à O-taïti, un vieillard jadis grand-prêtre et harepo, promeneur de la nuit, j’obtins de la bouche même de cet homme extraordinaire, l’un des dépositaires officiels de leurs anciennes traditions, l’explication fidèle et naïve de quelques-uns de ces monumens précieux d’une antiquité à laquelle on voudrait en vain remonter par d’autres voies […]

L’ouvrage est structuré en trois parties :

Dans la première, sous le titre de Géographie, je présente l’ensemble de mes observations les plus importantes, faites sur les lieux, dans le cours des voyages successifs dont il a été question plus haut.
La deuxième présentera, sous le titre d’Ethnographie, toutes les remarques que mon long séjour dans ces contrées, et mes relations avec les habitans m’ont mis à portée de recueillir, relativement à leur langue, à leur religion et à leurs mœurs.
La troisième, enfin, résumera, sous le titre d’Histoire, les faits les plus intéressans qui s’y sont passés, dans l’ordre et avec les développemens plus ou moins étendus que j'ai pu leur donner, en raison des renseignements rassemblés sur le sujet, soit d'après des ouvrages déjà publiés, soit de la bouche des chefs et autres pays les plus dignes de foi sur cette matière. » (Jacques Antoine Mœrenhout, juin 1835).


Nous reproduisons la table des matières in-extenso, afin d’apprécier cet ouvrage riche en précieux renseignements, analyses et anecdotes vécues.

[Tome I] :
Préface.
Première partie. Géographie : Préambule : Valparaiso - Cobija — Chapitre I. Iles pélagiennes : Ile de Pâques - Ducie - Élisabeth - Pitcaïrn - Gambier et îles voisines - Lord Hood et îles voisines - Rapa - Iles australes : Laïvavaï, Toubouaï, Rouroutou et Rimatara - Iles Harvey - Ile Matilda’s rock, ou Rocher de Mathilde — Chapitre II. Iles Archipélagiennes : Archipel dangereux : La Harpe - Deux Groupes et îles voisines - Ile de la Chaîne et îles voisines - Tiooka et Oura et îles voisines - Maïtéa - Matia - Archipel des îles de la Société : O-taïti ou Taïti - Premier voyage 1829 - Deuxième voyage 1830 - Éïméo - Raïatéa, Tahaa, Bora Bora — Chapitre III. Observations générales sur la formation et sur les productions des îles océaniennes.
Deuxième partie. Ethnographie : Chapitre I. Langue : Grammaire - Littérature. — Chapitre II. Religion : Dogmes : Cosmogonie : Definition de Taaroa, Dieu créateur - Création - Naissance des dieux et des hommes - Éternité de la matière. Immortalité de l’âme et vie future - Théogonie : Atouas - Atouas proprement dits supérieurs - Atouas proprement dits inférieurs - Oromatouas - Oromatouas proprement dits – Génies - Tiis — Culte  : Culte public ou national : Matériel du culte (Maraïs, Fata, Toos) - Personnel du culte : Prêtres, Inspirés ou prophète, Aréoïs (mystères de Oro) : Origine de la société des Aréoïs. Organisation de la société des Aréoïs - Mœurs des Aréoïs et infanticide légal - But de la société des Aréoïs - Cérémonial du culte - Liturgie - Sacrifices, offrande, oracles et augures - Fêtes : Fêtes périodiques - Fêtes accidentelles - Tabou - Culte privé ou domestique : Naissance des enfants - Maladies - Mort, funérailles, sépulture — Résumé et conclusion : Commentaire interprétatif du système religieux de l’Océanie - Rapports du système religieux de l’Océanie avec ceux des autres peuples.

[Tome II] :
Chapitre III. Mœurs : Mœurs publiques : Mœurs religieuses - Mœurs politiques - Administration : Hiérarchie, étendue et caractère des pouvoirs politiques - Cérémonial de la consécration des pouvoirs politiques. - Guerre et Paix — Mœurs privées : Éducation - Mariage : Formes et conditions du mariage - État social des femmes - Vie domestique : Une journée dans la Polynésie – Travaux - Logement et ameublement - Aliments – Nourriture végétale – Nourriture animale – Cuisine - Vêtement : Habits, Toilette (tatouage) – Plaisirs - Fêtes de famille et de districts - Fêtes des Aréoïs - Fêtes générales (Taupiti ou Oroa) - État sanitaire — Résumé et conclusion — Chapitre IV. Recherches sur l’Antiquité des peuples de la Polynésie : État des Polynésiens à l’époque de la découverte. - État présumé des Polynésiens antérieurement à la découverte - Époque présumée de l’antique civilisation des Polynésiens — Chapitre V. Recherches sur l’origine des peuples de la Polynésie.
Partie III. Histoire : Chapitre I. Iles pélagiennes : Ile de Pâques - Ducie - Elisabeth.- Pitcairn - Gambier et îles voisines - Lord Hood et îles voisines - Rapa - Iles australes : Laïvavaï, Toubouaï, Rouroutou et Rimatara - Iles Harvey - Ile Matilda’s rock, ou Rocher de Mathilde — Chapitre II. Iles Archipélagiennes : Archipel dangereux : La Harpe - Deux Groupes et îles voisines - Ile de la Chaîne et îles voisines - Tiooka et Oura et îles voisines - Maïtéa - Matia - Archipel des îles de la Société : O-taïti - Histoire d’O-taïti depuis sa découverte jusqu’à l’arrivée de Cook - Histoire d’O-taïti depuis les voyages de Cook jusqu’à l’arrivée des missionnaires. - Histoire d’O-taïti depuis l’arrivée des missionnaires jusqu’à l’établissement du christianisme - Histoire d’O-taïti depuis l’établissement du christianisme jusqu’à dans l’île jusqu’à nos jours – Eïméo ou Moréa - Raïatéa, Tahaa, Bora Bora. Conclusion générale.


Une relation de voyage très recherchée.

Un commerçant, un explorateur, un ethnologue et un diplomate franco-belge qui joua un rôle crucial dans l’établissement de ssouveraineté française sur les territoires de Polynésie.

Cet imposant ouvrage sur le monde polynésien, bien que résultant d’un point de vue extérieur - regard porté par un étranger - constitue aujourd’hui encore une source de toute première importance. En effet, le travail de Mœrenhout n’est pas celui d’un simple observateur : l’intérêt majeur réside dans le fait que Mœrenhout ait pris une part active à la vie des îles, dans tous les domaines : politique, affaires religieuses, commerce, activités culturelles ; et qu’il ait pu côtoyer quotidiennement les « naturelles », voir résider sous leur toit. Il a donc beaucoup vu, écouté, partagé et su, en retour, nous raconter son incroyable expérience avec une rare sensibilité, qui s’exprime en bien des passages de son récit. Son témoignage sur les îles est précieux car c’est celui d’un homme qui a beaucoup navigué de l’une à l’autre à bord de ces fameuses goélettes. Tous ceux qui, par la suite, ont écrit sur la Polynésie ont largement emprunté à Mœrenhout.

Jacques-Antoine Mœrenhout (1797-1879), ethnologue, consul français, voyageur, humaniste, scientifique, autant de qualificatifs qui s’appliquent à cet homme hors du commun qui aura marqué le XIXe siècle en Polynésie orientale et aux États-Unis.


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