George LAFENESTRE. Lettre à M. Dinet

Une lettre-préface autographe signée et datée au peintre, illustrateur et essayiste Étienne DINET.

La fenestre 2

Lafenestre 1

Une lettre-préface autographe originale signée et datée au peintre, illustrateur et essayiste Étienne DINET pour l’introduction de l’opuscule : Les Fléaux de la Peinture


Georges LAFENESTRE (1837-1919) membre de l’Institut de France, Conservateur de la Peinture et des Dessins au Musée du Louvre.

LETTRE À M. DINET

G.[eorge] Lafenestre, 20 novembre 1904.

Préface autographe originale signée de Gorges Lafenestre pour le rare opuscule d’Étienne DINET* : Les Fléaux de la Peinture, Observations sur les Vernis, les Retouches et les Couleurs. Préface de Georges Lafenestre. Paris, E. Rey Libraire, 1905, in-16°, XXVI-68 pp., planches hors texte.

Sont mentionnées entre crochets [ ] des précisions qui ne figurent pas sur le manuscrit et la lettre.


1 500 €


Analyse du corpus

UNE LETTRE D'ÉTIENNE DINET RELIÉE EN TÊTE

1. Une lettre d’Étienne DINET reliée en tête du volume. 3 pages en premier jet sur un bi-folium non chiffré in-8° carré. Écriture personnelle. Une cursive lisible à l’encre noire sur papier beige, inclinée à droite, ratures et corrections, sur un papier à en-tête biffé : « Musée National du Luxembourg », lieu et date [Marseille, le 16 mai 1904], signature [E. Dinet], une ancienne trace de pli médian sans gravité.


Le peintre Étienne DINET exprime le souhait d’avoir une préface de Georges LAFENESTRE pour son essai sur la peinture.

« À Monsieur Georges Lafenestre Membre de l’Institut, Conservateur des Peintures au Musée du Louvre

Cher Monsieur,

Je prends la liberté de vous dédier respectueusement ces quelques notes relatives à la conservation des tableaux, pour les mettre sous le patronage de celui qui est comme le tuteur légal des œuvres des maîtres et qui, par la propagande d’un enseignement où l’historien est formé d’un savant et d’un poète, s’est employé plus utilement que personne à les faire mieux connaître, comprendre et aimer. Ces remarques ne sont guère que de simples observations d’un peintre qui s’est toujours particulièrement préoccupé des questions de la technique, considérant que le bon métier est une des bases les plus solides de l’art. Elles ont été notées, au cours d’une carrière déjà longue, par une expérimentation continuelle, et avec le concours indispensable du temps. J’ai eu surtout, en me décidant à les répandre, l’intention d’en faire profiter, sinon mes confrères qui sont à même de faire individuellement les même expériences pour leur propre compte, du moins les amateurs, les collectionneurs et ceux qui sont chargés de la conservation des collections publiques, pour lesquelles il n’existe aucun enseignement à la fois technique et pratique. Ce petit essai ne leur donnera pas précisément des recettes, mais il pourra les mettre au courant de certaines conditions et de certains états des ouvrages peints, les faire réfléchir et les guider dans le sens des résolutions prudentes et d’ordre pratique. Je serais très honoré et très reconnaissant, cher Monsieur, si vous vouliez bien couvrir de l’autorité de votre nom ce modeste opuscule d’un peintre et le recommander ainsi près des jeunes générations qui vous suivent, et pour lesquelles votre œuvre est une leçon fécondante et votre carrière un grand exemple. Votre bien respectueusement dévoué. »

 E. Dinet

Marseille, 16 mai 1904


[Suivi de :]

LE MANUSCRIT AUTOGRAPHE

2. Préface de Georges Lafenestre. 1 feuillet non chiffré [Lettre à M. Dinet] et 19 pages in-extenso en premier jet (folio recto) sur 19 feuillets chiffrés in-8° carré. Écriture personnelle, une cursive lisible à l’encre violette sur papier crème, rectiligne et un peu grasse. Ratures, soulignure, repentirs et corrections.

Georges LAFENESTRE lui répond doctement.


Extraits

LETTRE À M. DINET

 « Cher Monsieur,

Vous désirez inscrire mon nom en tête de votre petit traité, si clair et si judicieux, sur les Fléaux de la Peinture ? Vous voulez donc renouveler en moi toutes mes surprises douloureuses de voyageur et d’amateur, toutes mes inquiétudes et angoisses quotidiennes de conservateur ? Car, hélas ! il n’est pas une salle de notre cher et admirable Musée du Louvre où l’on ne doive s’arrêter, en gémissant, devant quelque infortunée victime de ces fléaux, où l’on ne puisse déplorer à la fois l’extraordinaire fragilité de l’art exquis et noble que vous pratiquez, en même temps que notre impuissance à conjurer, le plus souvent, les progrès fatals de tous les dangers qui l’assaillent et de toutes les maladies dont il souffre ! […] La peinture, et surtout la peinture mobile, de chevalet, sur bois ou sur toile, celle qui vous préoccupe, est sujette à d’autres malheurs. Le tableau, tel que nous le comprenons aujourd’hui, lui aussi est être vivant. Dès sa naissance, il souffre, et toute son existence, plus ou moins longue, n’est qu’une souffrance jusqu’à sa mort. […] Combien de temps la peinture garde-t-elle son premier aspect, celui que l’artiste s’est efforcé de lui donner comme l’exacte et vive expression de son intelligence et son âme ? Déjà, de notre temps, d’une Exposition universelle à l’autre, qui n’a pas constaté, avec surprise et douleur, sur les mêmes toiles, tous les dix ans, la marche dévastatrice et implacable de ce fléau ? […] Les pauvres Conservateurs sont en butte à des attaques assez fréquentes et des soupçons assez variés pour qu’il ne leur soit pas indifférent de rencontrer, chez d’excellents peintres comme vous, savants en leur métier, consciencieux dans leur art, une indulgence bienveillante et des conseils désintéressés auxquels l’indifférence des uns et la malveillance des autres ne les ont pas toujours accoutumé. Prenez-le donc ce nom, si peu protecteur qu’il puisse être ! L’honneur de cette alliance restera tout entier pour moi, et ce sera, comme il arrive trop souvent, un bon livre, qui fera passer une inutile préface.
Croyez, cher Monsieur, à ma très vive estime et très cordiale sympathie. »

Georges Lafenestre


Ces deux beaux textes ont été imprimés in-extenso en préface du petit traité d’Étienne Dinet et ils sont fidèles au manuscrit original.

L’ensemble est monté sur onglets et relié en 1 volume in-8° carré, demi-chagrin rouge, dos à nerfs monogrammé en pied [C. M.], titre or frappé au dos, reliure de l’époque.

UN EXCELLENT ÉTAT GÉNÉRAL DE CONSERVATION DU DOCUMENT.


Format bibliographique : 200 x 160 mm


PROVENANCE : Bibliothèque de Charles MASSON (1858-1931), Conservateur en chef du Musée du Luxembourg de 1925 à 1930.


BIBLIOGRAPHIE

Pour l’opuscule : BMC Versailles, cote Houdon C 1831. BnF, 8-V-30761. Bibliothèque de l’Arsenal, 8-NF-33191.


Georges LAFENESTRE (1837-1919) était membre de l’Institut de France, Conservateur de la Peinture et des Dessins au Musée du Louvre, Professeur à l’École du Louvre ainsi qu’au Collège de France et Inspecteur des Beaux-Arts.


Dinet 1

Préface autographe signée de Georges Lafenestre pour le rare opuscule d’Étienne DINET : Les Fléaux de la Peinture, Observations sur les Vernis, les Retouches et les Couleurs. Préface de Georges Lafenestre. Paris, E. Rey Libraire, 1905, in-16°, XXVI-68 pp.

Lien GALLICA : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1268800j/f9.image