Marin MARAIS. Pièces de viole

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PROVENANCE : Ex-libris manuscrit du marquis de Saint-Germain. « Ad M.r le M.is de S.t germain ».

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Basse de viole & continuo

Marin MARAIS (1656-1728).

PIECES DE VIOLE [Livre 5e]

Composées par M. Marais ordin.re de la musique de La Chambre du Roy

Gravé par F[rançois] du Plessy.

Se vend a Paris, Chez L’autheur, le Sr Boivin Marchand, Roland Marais, Jean Louis Marais, le 20e Novembre 1725.


Basse de viole

In-quarto oblong ; (III)-110 pages entièrement gravées et chiffrées [1-110] composées de 116 pièces, groupées en 7 suites. Le folio recto de page 1 porte le libellé : Prix des Livres, ainsi que : Se vend a Paris. Le folio verso de page 110 porte le libellé : Privilege General [signé Carpot], ainsi que la mention : Achevé d’imprimer. COMPLET.

Contenu des pièces liminaires : Titre-frontispice entièrement gravée et 1 feuillet gravé non chiffré : Auertissement [L’Hoste Scrip.].
Le titre-frontispice est libellé sans adresse bibliographique, gravé en taille-douce, incorporé dans une composition à l’antique : un rideau (tissu flottant galon frange orné de glands de passementeries), placé sur un mur entre deux colonnes grecque et tombant derrière trois angelots, celui sur le devant de l'image tenant dans sa main gauche une viole de gambe. Autres instruments baroques représentés : hautbois, luth et flûte à bec.

La gravure est signée Perzey Inci. [dessiné par…] et Trouvain Sculp. [gravé par…] mais ne porte pas l'excudi. On remarque en marge inférieure, au filet gras, une gravure où l’on peut lire en écriture spéculaire la mention : Regravée par Charle Dumonstier (Charles Dumonstier, peintre de portraits, dessinateur, graveur [17..-1782]).

Absence de signatures en bas des feuillets de chaque cahier.

Recueil de partitions musicales écrites et gravées en taille-douce. Texte français. Les Pièces de caractères* se distinguent par un petit cartouche orné d’un rinceau charmant qui atteste la qualité et le fini de la gravure.

PARTITION POUR VIOLE DE GAMBE ENTIÈREMENT GRAVÉE EN TAILLE-DOUCE PAR FRANÇOIS DU PLESSY.

François Duplessys ou Duplessis, graveur de musique, imprimeur, actif à Paris de 1709 à 1740.

*Pièces de caractères : brève pièce instrumentale visant à l'imitation d'un caractère ou d'un affect désigné par un titre anecdotique. Au XVIe siècle, l'imitation de caractères apparaît dans la danse, expression par excellence du langage corporel. Au siècle suivant, rhéthorique des affects et mouvement corporel ne font qu'un dans le Ballet de cour et dans la suite instrumentale française pour luth, clavecin ou viole de gambe.


Une pleine basane granité, dos à nerfs joliment orné de petits fers dorés avec fleurons, filets or, pièce de titre en maroquin rouge, coupes décorées, tranches jaune paille mouchetées en rouge, une reliure de l’époque.

Recueil de partitions musicales écrites et gravées en taille-douce. Texte français.

UN BEL EXEMPLAIRE PARFAITEMENT CONSERVÉ, fort rare pour une partition de musique.

Format bibliographique : 290 x 220 mm


Basse continue

BASSE-CONTINÜES du Cinquiéme Livre de piéces de VIOLE Composé par M. Marais Ordinaire de la Musique de La Chambre du Roy

Se vend a Paris, Chez L’autheur, Le Sr Boivin Marchand, Roland Marais, Jean Loüis Marais, le 20e Novembre 1725.

In-quarto oblong ; 91 pages gravées et chiffrées [1-91] composées de 116 pièces, 7 suites, le folio recto de page 1 porte le libellé : Prix des Livres, ainsi que : Se vend a Paris. Un feuillet non chiffré in-fine porte le libellé : Privilege General [signé Carpot], ainsi que la mention : Achevé d’imprimer. Au folio verso de ce feuillet se trouve l’ex-libris manuscrit à la plume, encre bistre, de la main du marquis de Saint-Germain : « Ad M.r le M.is de S.t germain ». [Ad Monsieur le Marquis de Saint germain].

Absence du titre-frontispice entièrement gravée. Le titre semble faire défaut depuis la bibliothèque du marquis de Saint-Germain, en témoigne son ex-libris manuscrit à la plume, en abréviation, sur le folio verso du dernier feuillet (infra).

Absence de signatures en bas des feuillets de chaque cahier.

Une pleine basane granité, dos à nerfs joliment orné de petits fers dorés avec fleurons, filets or, pièce de titre en maroquin rouge, coupes décorées, tranches jaune paille mouchetées en rouge, une reliure de l’époque.

Fer frappé en réduction sur le dos, en pied, du volume basse continue. Armes non-identifiées.

Recueil de partitions musicales écrites et gravées en taille-douce. Texte français.

UN BEL EXEMPLAIRE PARFAITEMENT CONSERVÉ, fort rare pour une partition de musique.

Format bibliographique : 285 x 215 mm


Vendu


BIBLIOGRAPHIE

ÉDITION ORIGINALE RARISSIME (pour les deux recueils).

– RISM, AI/ M 399 (pour la basse de viole). – RISM, AI/ M 400 (pour la basse continue).

– Denis HERLIN, Catalogue du Fonds Musical de la Bibliothèque de Versailles, coll. 857 (basse de viole) & coll. 858 (basse continue), p. 193.

– BnF, Département de la Musique, cote : D-7381. – Médiathèque et Archives de Melun, cote : F M 27.

  • La référence essentielle : Sylvette MILLIOT & Jérôme de LA GORCE, Marin Marais, Paris, Librairie Arthème Fayard, 1991.

La première biographie jamais réalisée sur l’homme et son oeuvre, écrite à partir d’une documentation en partie inédite. Notons quelques erreurs.

  • Pascal QUIGNARD, Tous les matin du monde, Collection Blanche, Paris, Édition Gallimard, 1991.

PROVENANCE : Ex-libris manuscrit de la Bibliothèque du marquis de Saint-Germain.

1. Le titre-frontispice entièrement gravée de la basse de viole porte l’ex-libris manuscrit à la plume, encre bistre, de la main du marquis de Saint-Germain : « Ad M.r le M.is de S.t germain ». [Ad Monsieur le Marquis de Saint germain].

2. Le folio verso du dernier feuillet du recueil de la basse continue porte l'ex-libris manuscrit à la plume, encre bistre, en abréviation, de la main du marquis de Saint-Germain : « M.r De S.t gm ». [Monsieur de Saint germain].

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Fer frappé en réduction sur le dos, en pied du volume basse continue. Armes non-identifiées.

 


L’intrigant comte de Saint-Germain.

Personnage mystérieux, entouré de légendes, l’une des figures les plus extraordinaires du dix-huitième siècle, né probablement vers 1690, lieu inconnu, et décédé à Eckernförd (duché de Schleswig) en 1780-84 ? Son origine familiale, sa naissance, la source de sa fortune (impure ?), qui dut être considérable pour suffire à sa fastueuse existence, restent inconnues. Après avoir parcouru une partie de l’Europe sous différents noms, et résidé en Italie, en Hollande, en Angleterre, tantôt sous le nom de marquis de Montferrat, tantôt sous le titre de comte de Bellamye, qu’il portait à Venise, il prit à Paris celui de comte de Saint-Germain. Les plus incroyables témoignages abondent sur son séjour parisien de 1750 à 1760. Grand maître de l'occulte, réputé immortel, il attira rapidement l’attention de la haute société par ses grandes manières, son luxe ostentatoire et surtout l’opinion répandue qu’il possédait la pierre philosophale. Protégé du duc de Choiseul, en grande faveur auprès de Louis XV qui l’admet familièrement chez Mme de Pompadour, il amusait et étonnait le grand monde par ses récits extravagants, sur les secrets dont il se disait en possession, sur ses trésors, sur sa noblesse, refusant obstinément de divulguer son âge, son lieu de naissance et son véritable nom. Grand voyageur, il savait beaucoup de choses* et sa conversation fascinante ne manquait jamais d’intérêt. Diplomate, polyglotte, philosophe, musicien de talent et compositeur (airs d’opéra et morceaux pour violon), peintre, grand alchimiste, fort instruit en physique et en chimie, on se disputait avidement cet original à l’identité trouble dans les salons de la haute aristocratie, foyer de la crédulité parisienne. Après une décennie en France et au milieu de brillants succès, l’intrigant comte de Saint-Germain, accusé d'espionnage, fut tout à coup obligé de s’enfuir en Angleterre. Il s’était attiré les foudres de son protecteur, le duc de Choiseul, en servant d’intermédiaire à une intrigue ourdie à l’insu du ministre des affaires étrangères, par le maréchal de Belle-Isle. Singulier personnage, à qui même personne n’a rien à reprocher, son nom d’emprunt et supposé étonnera plus après sa mort que tous les événements miraculeux de sa vie.

* Voltaire disait du comte de Saint-Germain : « C’est un homme qui ne meurt point, et qui sait tout. »

Sur le comte de Saint-Germain : Mémoires de Jacques Casanova de Seingalt sur Google Livres, t. VI, Bruxelles, J. P. Meline, 1833, p. 128.


Lettre saint germain sothebys

Très rare lettre autographe signée du comte de Saint-Germain à Lord Cadogan (1685-1776), datée 1749 (Sotheby's, Londres, 2010). Écriture personnelle. Une cursive à l'encre marron sépia, très lisible, inclinée à droite, rectiligne, naturelle, une écriture facile à lire en général et bien formée. Signature et ruche du comte : « SSSS de St. germain ». La même signature (translittération) se retrouve sur la copie imprimée de son œuvre Musique Raisonnée…, London printed : I. Walsh, [1750 ?]. Après observations minutieuses et méthodiques, le paraphe de la signature de cette missive confirme l'ex-libris manuscrit du comte de Saint-Germain pour le Cinquième Livres de Pièces de viole.



Le Cinquième Livre (1725)

En 1725, Marin Marais devait faire paraître son cinquième et dernier Livre de pièces de viole. Il a soixante-neuf ans et ne porte aucun signe de fatigue apparent. Ces cent-seize pièces, sept suites au total, respectent les principes antérieurs d’adaptation à tous les niveaux. À côté de tableaux amusants, certains morceaux ont un ton grave et intime. Ils évoquent quelques événements douloureux de la vie privée du compositeur. Le Tombeau pour Marais le Cadet est dédié, semble-t-il, à son fils Sylvain. D’autres passages dans une tessiture plus élevée tout empreint de tendresse, de poésie, semblent évoqués l’enfance de l'auteur. Le recueil se termine sur une note moins sombre avec son rythme de guigue et nous rassure comme un retour à la vie.


Marin Marais – Pièces de viole (1686-1725)

Bibliothèque nationale de France, Les Essentiels, Littérature.

Marin Marais (1656-1728) a écrit près de six cents pièces de viole, réparties en cinq livres, publiés entre 1686 et 1725, développant l’usage de la viole utilisée en musique de chambre comme instrument soliste. Son œuvre se place dans la tradition de la musique française, reprenant les innovations de Sainte Colombe, privilégiant des rythmes de danse et une articulation claire. Les pièces pour viole appartiennent à des genres différents, préludes, chaconnes, passacailles avec variations, recherchant parfois la virtuosité. D’autres sont plus descriptives, représentant des marches turques ou persanes, et certaines pièces comme La Gamme sont véritablement expérimentales. Les pièces de Marin Marais marquent l’apogée de la musique pour viole, mais également un tournant, puisque après lui aucun autre compositeur ne concentrera autant son œuvre sur cet instrument. Si Marin Marais n’a publié aucun traité pédagogique, les pièces pour viole contiennent de nombreuses indications détaillées sur les ornements, les doigtés, les coups d’archet, le tempo ou les notes arpégées.


Il est important de remarquer que l'on doit également à Marin Marais l'ajout de la 7e corde à la basse de viole.