Alexandre Dumas. La Tour de Nesle
« Votre seul mérite, disait Dumas à Gaillardet, est de m’avoir donné l’idée de faire la pièce. Votre drame était idiot. »
« Monsieur, écrivait Michelet à Dumas, je vous aime et je vous admire, parce que vous êtes une des forces de la nature. »
[DUMAS (Alexandre)] & GAILLARDET (Théodore-Frédéric).
La Tour de Nesle, Drame en cinq actes et en neuf tableaux, par MM. Gaillardet et ***, représenté, pour la première fois, à Paris, sur le théâtre de la Porte-Saint-Martin, le 29 mai 1832.
A Paris, J. N. Barba, Libraire, 1832.
[Imprimerie de E. Duverger].
In-8° ; (4)-98 pp.-1 feuillet non chiffré d’annonces publicitaires de l’éditeur (« Pièces nouvelles publiées par Barba »).
Demi-basane verte à coins, dos lisse orné chiffré en pied, titre or, tête dorée, très légères rousseurs, exemplaire non rogné, couverture et dos conservé, reliure signée de l'atelier « A. MEYER », bel exemplaire.
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BIBLIOGRAPHIE
Édition originale rare bien complète du feuillet d’annonces publicitaires de l’éditeur qui fait souvent défaut.
« Rare et très recherché » (Clouzot, Guide du Bibliophile Français du XIXe siècle, p. 94).
« Pièce célèbre devenue rare » (Carteret, Romantique & Moderne, t. I., p. 314).
- Alexandre Dumas : « Mes Mémoires », t. I, chapitres CCXXXIV à CCXXXVII.
- Lunel : « Histoire de la Tour de Nesle », Paris, Just Tessier, 1848, p. 16.
- Cléry : « Souvenirs du Palais », pp. 21-67.
- Parigot : « Le Drame d’Alexandre Dumas », pp. 90, 96-97 et 252-282.
Catalogue de la Librairie C. Gaillandre, 1931, n° 208 (notre exemplaire). Lhermitte, p. 228. Quérard, Supercheries Littéraires Dévoilées, t. I, 1062-1065. Parran, Bibliographie d’Alexandre Dumas, p. 24. Reed, A Bibliography of Alexandre Dumas père, pp. 52-53. Schopp, Alexandre Dumas, p. 219. Talvart & Place, t. V, n° 15 a, p. 4. Thième, t. I, Bibliographie de la Littérature Française, p. 635. Vicaire, t. III, 847.
* Signalons que parmi les 251 œuvres d’Alexandre Dumas recensées par le bibliographe Marcel Clouzot (Guide du Bibliophile Français du XIXe siècle, Nouvelle Édition, Paris, 1996) 4 œuvres seulement portent la mention spéciale « très recherchée ». Elles sont : Les Trois Mousquetaires, Le Comte de Monte-Christo, La Tour de Nesle et Mes Mémoires.
Exemplaire enrichi d’une lettre autographe signée de Gaillardet.
Gaillardet demande à son ami [Agénor] Altaroche (journaliste et homme de lettres), deux « bonnes places » pour la représentation des « Contes d’Hoffmann », opéra fantastique de Jacques Offenbach, dont il n’a pu assister à la première.
Se trouvent reliés en plus les portraits en pied des acteurs Bocage, rôle de Buridan et Mlle Georges, rôle de Marguerite de Bourgogne, en coloris de l’époque (in Recueil d’estampes, Paris, Hautecœur Martinet, 1832), ainsi qu’une jolie lithographie représentant la Tour de Nesle.
Provenances : ex-libris des bibliothèques Édouard Moura, Étienne Cluzel (vente en 1985, n° 114) et A. Dutard premier possesseur de ce livre.
Alexandre Dumas, essentielement un homme de théâtre
Drame romantique en cinq actes et neuf tableaux composé par Frédéric Gaillardet, auteur dramatique, avocat et homme politique. Le manuscrit fut entièrement réécrit par Alexandre Dumas. La pièce fut montée au Théâtre de la Porte-Saint-Martin le 29 mai 1832 et eut un succès éclatant (en deux années, trois cents représentations).
Adultères, incestes, assassinats et déclarations injurieuses contre les hautes classes de la société
« La Tour de Nesle », chef d’œuvre du théâtre populaire. Contemporaine de la pandémie de cholera de 1832 et des émeutes républicaines, elle fut sans contredit la pièce la plus courue du XIXe siècle.
« Votre seul mérite, disait Dumas à Gaillardet, est de m’avoir donné l’idée de faire la pièce. Votre drame était idiot. »
Charles-Jean Harel, directeur du Théâtre de la Porte-Saint-Martin, chargea Jules Janin de remanier la pièce du jeune dramaturge Gaillardet, mais Janin renonça après avoir pourtant composé une belle tirade. Harel, pourtant n’abandonna pas l’œuvre qui lui semblait révolutionner la scène parisienne et il talonna Alexandre Dumas (Dumas avait fui le choléra du Paris pestilentiel et les émeutes républicaines pour Nogent-le-Rotrou) afin de l’engager à collaborer à la refonte du mélodrame du jeune écrivaillon provincial. Encore fiévreux, Dumas avait besoin d’argent. Qu’importe désormais le manuscrit informe et ridicule initial. Il fut entièrement réécrit par l'esprit endiablé et généreux, à l’imagination frénétique d'Alexandre qui refusa d’être nommé malgré les supplications de Harel. La pièce livrée, Gaillardet furieux provoqua un scandale dans le monde des lettres. Entrevue orageuse, menace, procès, brouille, duel au pistolet sans victime s’ensuivirent et enfin réconciliation. En 1861 le livret fut réédité sous la signature des deux auteurs.