Françoise SAGAN. Bonjour tristesse

Le coup de tonnerre de « Bonjour tristesse » dans la littérature française.

Sagan

Sagan

Françoise Sagan, ou l'élégance de la vie.


SAGAN (Françoise).

Bonjour tristesse

Paris, René Julliard, 1954.
[Impr. Blondin]

In-8° ; 188 pp.


Un plein maroquin janséniste gris anthracite, dos nerfs pincés chiffré or en pied, titre or, doublures et gardes intérieures en veau rose pâle, tranches dorées, coiffe filetée or, filet or sur les coupes, couverture et dos éditeur conservé, une chemise-étui bordé de maroquin, une reliure de l’époque, une facture d’une grande finesse, signée « [Roger] DEVAUCHELLE », UN TRÈS BEL EXEMPLAIRE D'UNE GRANDE FRAÎCHEUR.

Quelques mots sur le Maître-Relieur Roger DEVAUCHELLE.
Roger Devauchelle (1915-1993) obtint le titre de « Meilleur ouvrier de France » en reliure en 1952, en dorure sur cuirs en 1958, ainsi qu'en dorure sur tranches en 1982. Il est l'auteur de la monographie consacrée à la reliure française: La reliure en France de ses origines à nos jours, Paris, Se trouve à Paris chez Jean ROUSSEAU-GIRARD, Libraire-Expert, 1959-1961, 3 volumes in-quarto en feuilles, sous chemise et étui de l’éditeur, œuvre maîtresse, et encore irremplacée.


Format bibliographique : 185 x 120 mm


Vendu


BIBLIOGRAPHIE

Édition originale éditée à 30 exemplaires imprimés sur papier Vélin Alfa Navarre numérotés pour le commerce, plus quelques exemplaires Hors Commerce d’auteur, seul grand papier.

Celui-ci est l’un des rarissimes 20 exemplaires Hors Commerce d’auteur justifié par une notice manuscrite à la plume de l’éditeur : « L’éditeur soussigné certifie que le nombre d’exemplaires hors commerce qui a été tiré pour l’auteur est de vingt, passe et défait compris. René Julliard ». Cette précieuse notice de René Julliard nous permet de connaître le nombre exact d'exemplaires H. C.


À lire particulièrement la biographie de référence : Denis WESTHOFF, Sagan et Fils, Paris, Éditions Stock, 2012.
L'auteur, fils unique de Françoise SAGAN, rétablit quelques vérités sur la vie de sa mère : « Je veux parler de ces biographes tricheurs qui, se prenant pour des écrivains, se sont afranchis de la vérité, s'autorisant avec la vie de Françoise Sagan, la vie de ma mère, des libertés qui ne sont pas acceptables. » (p. 14, Édition Le Livre de Poche). Des moments forts, gais ou douloureux, des conversations intimes, des anecdotes ainsi qu'une galerie de portraits de ceux qui ont vraiment fait partie du cercle Sagan. Un livre émouvant.



« Sur ce sentiment inconnu dont l’ennui, la douceur m’obsèdent, j’hésite à apposer le nom, le beau nom grave de tristesse. C’est un sentiment si complet, si égoïste que j’en ai presque honte alors que la tristesse m’a toujours paru honorable. Je ne la connaissais pas, elle, mais l’ennui, le regret, plus rarement le remords. Aujourd’hui, quelque chose se replie sur moi comme une soie, énervante et douce, et me sépare des autres. Cet été-là, j’avais dix-sept ans et j’étais parfaitement heureuse. » (p. 13).


Bonjour tristesse

Bonjour tristesse est le premier roman de Françoise Sagan, de son vrai nom Françoise Quoirez, publié en mai 1954 (manuscrit remis en janvier 1954), alors qu’elle n’a que dix-huit ans. Ce roman, écrit durant l’été 1953 en trois semaines, d’une jeune inconnue, eut un succès retentissant auquel se mêla un puissant parfum de scandal. Récompensé par la critique littéraire (Prix des Critiques en juin 1954), recevant l’éloge de François Mauriac et l’approbation enthousiaste d’un public nombreux, il fut traduit dans une vingtaine de langues étrangères, réimprimé à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires (760° mille en juin 1954!) et mis en scène au cinéma en 1958 par Otto Preminger.


La trame du récit :

Cécile, adolescente insouciante de 17 ans, a passé son enfance en pension. Elle vit depuis deux années avec son père Raymond qui est veuf et qui a la quarantaine. Elle mène une existence oisive et bénéficie d’une grande liberté. Son père a de nombreuses maîtresses auxquelles Cécile s’habitue assez facilement.

Ce roman aborde explicitement la sexualité féminine avec un style desinvolte et mordant.


Françoise SAGAN, Bonjour BONHEUR

En 1954, une jeune fille timide devient brusquement l’écrivain le plus célèbre de France avec la parution de Bonjour tristesse, un petit chef d’œuvre de finesse, de pudeur, de cynisme triste et de style limpide, l’un des univers les plus romanesques de cette génération des années 40 (la tristesse reste le maître-mot de l’œuvre de Françoise Sagan). Pendant plus de trente ans, Françoise Sagan n’a cessé d’être un mythe, une légende vivante, sans jamais oublier son métier d’écrivain pour notre plus grand bonheur.

En 1998, Françoise Sagan écrivit elle-même sa rubrique nécrologique dans le Dictionnaire des auteurs publié sous la direction de Jérôme Garcin : « Fit son apparition en 1954, avec un mince roman, Bonjour tristesse, qui fit un scandale mondial. Sa disparition, après une vie et une œuvre également agréables et bâclées, ne fut un scandale que pour elle-même ».


« Elle [Sagan] avait conservé un côté jeune fille un peu dissipée qui faisait une grande partie de son charme. À cela s'ajoutaient ce que tous ceux qui l'ont connue ont pu constater : une intelligence d'une vivacité exceptionnelle et une générosité hors du commun. » (Jean-Claude Zylberstein, Souvenirs d'un chasseur de trésors littéraires, Paris, Allary Éditions, 2018, p. 296).

Jean-Claude Zylberstein fut l'avocat et un ami proche de François Sagan.


Quelques mots sur l'éditeur René Julliard, l'aventurier de lettres (après 1945).

René Julliard fut sans contexte l’une des grandes figures de l’édition française. Il lança la génération de 1945 et la suivante, à la tête de laquelle continue de briller le sourire et l'intelligence de Françoise Sagan. Prospecteur de jeunes talents, il savait lancer de jeunes romanciers. Trois années consécutives, ses auteurs décrocheront le prix Goncourt, ainsi que 5 Renaudot, 3 Fémina et 3 Interallié. Une personnalité intellectuelle de premier plan, René Julliard fut un rénovateur de l’édition moderne en France.