Henri LANREZAC, un officier modèle.

UN TÉMOIN ET UN PHOTOGRAPHE DE SON TEMPS ET DE L’HISTOIRE COLONIALE DE LA FRANCE

LANREZAC 1

Henri LANREZAC, Saint-Louis-du-Sénégal, 1900

LANREZAC 2

Le chef de guerre SAMORY TOURE

LANREZAC (Cdt Louis, Charles, Henri), Grand-officier dans l’ordre national de la Légion d’honneur (16 juin 1920).

Un précieux fonds de documents familiaux (archives photographiques) sur la capture de SAMORY TÉURE et le Soudan français (1898–1901). Fonds du commandant Henri Lanrezac, officier colonial et photographe de terrain, UN PIONNIER DU SOUDAN, UNE SOURCE PRIMAIRE DE QUALITÉ.


Un ensemble de trois albums photographiques format oblong sur Samory Touré et le Soudan français, 1898–1901.

224 épreuves originales contrecollées sur carton et légendées en français à la plume encre rouge et au stylo à bille Bic Cristal encre bleu-noir. Les reliures sont en pleine percaline de couleur brique, rouge ainsi qu’en demi-chagrin marron à coins.


Vendu


Dimensions des albums :

1. 220 x 164 mm

2. 375 x 275 mm

3. 210 x 140 mm


Descriptions des albums comme suit :

1. Album « Au Soudan 1898 – 1901 », (220 x 163 mm). 107 aristotypes et cyanotypes de 1898 – 1901 et 4 cartes postales (sans nom de Photographe-Éditeur), tirées d’après les photographies d’Henri Lanrezac. Titre, signature et dates manuscrites de Lanrezac sur la garde volante.
Dimensions des épreuves : 160 x 120 mm et 120 x 90 mm

2. Album « Soudan 1898 – 1901 », (375 x 275 mm). 82 aristotypes et cyanotypes de 1898 – 1901 et un billet manuscrit daté et signé (laissez-passer). Dimensions des épreuves : 180 x 130 mm et 110 x 85 mm

3. Album « Conférence sur le Soudan français faite par le lieutenant Henry Lanrezac le samedi 29 février 1904 à la société Industrielle d’Elbeuf. Vues photographiques. », (210 x 140 mm). 35 aristotypes.
Dimensions des épreuves : 120 x 90 mm

L’album n° 3 porte un titre manuscrit à l’encre rouge : « Conférence sur le Soudan français faite par le lieutenant Henry Lanrezac le samedi 20 février 1904 à la société Industrielle d’Elbeuf. Vues photographiques. ». Les photographies sont légendées à la plume encre rouge puis relégendées postérieurement au stylo à bille Bic Cristal encre de couleur bleu-noir, sous la dictée d’Henry Lanrezac. Cet album a servi à illustrer la conférence donnée par l’officier Lanrezac le samedi 29 février 1904 à la société Industrielle d’Elbeuf.


UN TÉMOIN ET UN PHOTOGRAPHE DE SON TEMPS ET DE L’HISTOIRE COLONIALE DE LA FRANCE

Henri LANREZAC, un officier modèle.

Le commandant Louis, Charles, Henri Lanrezac, né le 3 août 1874 à Annecy, décédé le 9 mai 1966 à Lunéville, fils de militaire, officier des troupes coloniales et neveu du gouverneur par intérim du Soudan français en 1898. Lanrezac résida au Soudan français du 27 novembre 1898 au 19 avril 1901, en qualité de lieutenant1 affecté au 148e puis au 24e régiment d’infanterie (Courbevoie). Il commanda avec zèle le cercle2 de Nioro [-du-Sahel] dans la région de Kayes, siège principal du Soudan, ayant sous ses ordres une force locale, un corps d’infanterie de gardes-frontières formé de tirailleurs soudanais. Le brillant officier colonial Lanrezac sut leur communiquer un parfait esprit de discipline et une instruction militaire très satisfaisante (cf. SHD. Cote GR 6Ye 37422. Dossier d’archive Henri LANREZAC, Feuillet du personnel, notes particulières et successives, 1er semestre 1902).


« Un fanatique de son métier. »

Le lieutenant LANREZAC fut un officier exemplaire, fort bien noté par sa hiérarchie tout au long de sa carrière. Ses supérieurs ne tarissent pas d’éloges à son égard : 
« … sérieux, zélé, enthousiaste, amoureux dans son métier, ses idées sont nettes, précises et souvent originales, il est tenace et énergique… », ou encore : « Très bon officier, rempli de bonne volonté, actif, instruit et travailleur, officier modèle. », ou encore : « … instruit, intelligent, laborieux, M. Lanrezac est un fanatique de son métier. Très bon officier de pelotons, il se donne tout entier aux exigences de son service. Il a l’amour de l’étude et il vient tout récemment d’en donner les preuves tangibles dans une conférence historique faite aux officiers du régiment et dans un volumineux travail… », ou encore : « Excellent officier, dévoué consciencieux, très travailleur, a de l’autorité sur ses hommes, belle tenue, éducation parfaite, vigoureux… », etc.

Il fut l’un des acteurs de l’achèvement de la conquête de l’Afrique de l’Ouest par les Français et l’un des témoins oculaires importants. Photographe de premier plan, passionné, il fixa sur le papier aristotype, la capture du chef de guerre SAMORY TOURÉ3, l'une des rares sources immédiates, son transfert à Kayes (la sentence le condamnant) puis à Saint-Louis-du-Sénégal (le procès officiel et l'exil), précieux documents devenus « archives coloniales », comme lieux d'histoire et de mémoires.

(1) Sous-lieutenant le 1er octobre 1896 affecté au 148e régiment d’infanterie et lieutenant le 1er octobre 1898 affecté 24e régiment d’infanterie (confirmé hors cadre à l’état-major du Soudan).

(2) Terme désignant une circonscription administrative dans les colonies française. Le Cercle devient dès 1863 la plus petite unité administrative en Afrique. Les Cercles étaient confiés à des officiers ou à des fonctionnaires. Grâce aux 4 campagnes du lieutenant-colonel Archinard, l’étendue du Soudan Français était passée de 20 à 50 millions d’hectares. En 1888, à l’arrivée d’Archinard il y avait 6 Cercles adminstratifs. À son départ, en 1893, il y avait en plus les Cercles de Nioro, Ségou, Sokolo… un total de 15 Cercles. En 1919, l’A.O.F. comptait 118 Cercles regroupant 48 000 villages.

(3) L’empire Wassoulou (1878-1898) est fondé par Samory Touré dans la région du haut Niger. Disposant d’une armée importante, disciplinée et armée de fusils modernes fournis par les colonies britanniques, c’est le principal adversaire de la France en Afrique de l’Ouest à l’époque.


Affectations et mobilisations de l’officier Henri LANREZAC :

Les cinq campagnes, dont quatre de guerre d’un Bachi Bouzouk*.

  • Soudan Français du 27 novembre 1898 au 19 avril 1901.

  • Algérie du 28 avril 1909 au 03 septembre 1909.

  • Confins algérien-Maroc du 04 septembre 1909 au 04 août 1910.

  • Algérie du 05 août 1910 au 08 août 1910.

  • Algérie du 22 septembre 1910 au 26 septembre 1910.

  • Confins algérien-Maroc du 27 septembre 1910 au 13 octobre 1910.

  • Algérie du 14 octobre 1910 au 12 avril 1911.

  • La Grande Guerre du 02 août 1914 au 23 octobre 1919 (Grièvement blessé le 23 mai 1916 à Douaumont. Plaie par balle à la main droite : index et médius).

  • Services au haut-commissariat aux États-Unis et au Canada en 1908 (mission officielle française pour le tricentenaire de la fondation de Québec), puis à l’état-major du maréchal FOCH en 1919 (travaux et études de statistiques pour la conférence de paix à Paris).

  • Service de la propagande de la mission militaire française en Pologne en 1920. Un rôle consultatif rattaché aux unités polonaises, une aide de la France à la renaissance de la Pologne (deuxième république de Pologne).

*Sobriquet péjoratif donné dans les états-majors de l’armée de terre ainsi qu’à l’École supérieure de Guerre aux officiers des troupes coloniales.


BIBLIOGRAPHIE

– Fréderic CARRÈRE & Paul HOLLE. De la Sénégambie française. Paris, Librairie de Firmin Didot Frères, Fils et Cie, 1855.
Mœurs, coutumes, institutions, ressources naturelles et industrielles des peuples qui ont habite la partie française de la Sénégambie. Un travail de première importance concernant les études générales sur le Sénégal et qui y tient la première place.

Paul HOLLE, commandant civil du poste de Bakel (1840-49) et de Senoudebou (1852-55). En 1857, il tient tête courageusement aux forces d’El Hadj Omar (né Omar Saïdou Tall [1797-1864]) qui assiègent depuis trois mois le tata de Médine. À la tête de 63 soldats, il résiste vaillamment aux 25 000 toucouleurs de l’armée du prophète. Le colonel Faidherbe à la tête de quelques centaines de soldats et de supplétifs sénégalais, accoure (vapeur) dès la première crue du fleuve Sénégal (difficultés de la saison), et se présente devant le fort de Médine qu’il délivre in extremis. Un haut-fait d’armes qui deviendra exemplaire, sinon légendaire. 


L'ouvrage de référence :

– Jacques MÉNIAUD. Les Pionniers du Soudan avant, avec et après Archinard 1879-1894, Paris, Société Des Publications Modernes, 1931, 2 volumes.
Une documentation étendue, précise et exacte. Un récit vivant, coloré, attrayant. La lecture est captivante comme celle d’un roman. L’ouvrage de Jacques Méniaut constitue le rapport le plus fidèle, le plus complet de la longue période d’action, si décisive pour la fondation de l’empire colonial français ouest-africain, qui va de 1879 à 1894.

Jacques Méniaud est un soudanais. Il a occupé, très jeune, de hautes fonctions au Soudan, il a connu la plupart des pionniers de la conquête.


– Le capitaine Étienne PÉROZ. Au Soudan Français. Souvenirs de guerre et de mission par le capitaine Étienne Péroz. Paris, Calmann Lévy, Éditeur, 1891. Un recueil de souvenirs, un ouvrage de référence. Excellente introduction à notre corpus.
Envoyé en 1885 pour prendre part à la campagne du Soudan (combat de Niagassola), l’officier Péroz fut chargé l’année suivante, par le capitaine Tournier, d’une mission d’observation à caractère diplomatique. Très rapidement, Gallieni le chargea d’une seconde mission, dans le but de faire signer un traité à l’Almamy Samory, reconnaissant à la France les territoires de la rive gauche du Niger. Une fois obtenu, il continua ses explorations, fournissant ainsi les premières notions précises sur l’Empire du Ouassoulou.

– [La capture de Samory] Comité de l’Afrique Française. Bulletin mensuel, janvier 1899, Paris, Au siège du Comité, La capture de Samory, p. 7-13.

Julie d’ANDURAIN, Henri Gouraud – Photographies d’Afrique et d’Orient, Paris, Édition Pierre de Taillac, 2016, p. 21-87 (les textes illustrés de photographies présentés dans cet ouvrage de référence sont fondés sur les archives d’Henri Gouraud, fonds privé déposé au ministère des Affaires étrangères).
Les pages 21 à 87 illustrent parfaitement le parcours et l’engagement d’un jeune Saint-Cyrien en Afrique et offrent un sérieux complément d’information à notre
corpus.

–  Bibliographie générale, « usuel » de référence : Jean MARTIN, Lexique de la colonisation française, Paris, Dalloz, 1988. Un excellent outil.

Gabriel HANOTAUX et Alfred MARTINEAU. Histoire des Colonies française et de l'expansion de la France dans le Monde… Paris, Société de l'Histoire nationale, Librairie Plon, 1929-1934, 6 volumes in-quarto. Indispensable.


BL [Base Léonore (Légion d’honneur)]. Archives nationale ; site Fontainebleau : cote 19800035/692/79171. Dossier Légion d’honneur de Louis Charles Henri LANREZAC.

SHD (Service historique de la Défense) : cote GR 6Ye 37422. Dossier d’archives de Louis Charles Henri LANREZAC. Le dossier contient une photographie de portrait d’Henri LANREZAC (« Capitaine d’Infanterie, 1914 »).

À noter également, que l’officier colonial Henri Lanrezac n’apparaît pas dans le Bulletin de la Société de Géographie.


Nous avons lu avec profit :

Julie d’ANDURAIN, Henri Gouraud – Photographies d’Afrique et d’Orient, Paris, Édition Pierre de Taillac, 2016.

On apprécie la qualité littéraire et le travail de recherche et d'analyse approfondi de Julie d'Andurain. Un ouvrage de référence.

Agrégée et docteur en histoire contemporaine, Julie d'Andurain est chargée de cours à Paris-Sorbonne (Paris-IV) et Professeur des Universités à l'Université de Lorraine à Metz, Chevalier des Palmes académiques. Ses travaux de recherche portent sur l'histoire coloniale de l'Afrique et du monde arabe. Elle a également consacré sa thèse au Général Gouraud et prépare une biographie approfondie sur cet illustre colonial. Auteur de « La capture de Samory (1989). L’achèvement de la conquête de l’Afrique de l’Ouest. Éditions SOTECA, 2012 », ainsi que : « Henri Gouraud – Photographies d’Afrique et d’Orient, Édition Pierre de Taillac, 2016 ».


Un engagement colonial en images

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1914. LANREZAC Capitaine d'Infanterie (SHD. Cote GR 6Ye 37422)

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Intérieur poste de Nioro

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A Nioro. Case de sous-offier 1900

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À Nioro devant le tata* d'Ahmadou. Marché Maure

*Immense forteresse en pisé (bastion)

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SAMORY Cortège 1898

Au premier plan le lieutenant JACQUIN suivi de SAMORY (bâton de marche dans la main gauche). En arrière plan sur la droite de la photographie le sergent BRATIÈRE.

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Cortège de SAMORY 1898

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SAMORY à Kayes 1898 (au verso de la photographie une annotation manuscrite d'Henri LANREZAC : SAMORY avec [le sergent] BRATIÈRES attend le moment de comparaître. Défaillance de la mémoire humaine, Henri LANREZAC se trompe, il s'agit du lieutenant JACQUIN [voir infra]. Le sergent BRATIÈRES est à gauche. Le sergent DIONKIÉ à droite [fusil bas]).

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[décembre] 1898.

SAMORY écoutant la sentence le condamnant à l'exil à Kayes. Face à l'objectif (casque colonial blanc) le lieutenant JACQUIN

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Idem sous un autre angle de prise de vue photographique

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Illustration extraite du corpus de Julie d'ANDURAIN (Éditions Pierre de Taillac), offrant de précieux renseignements. Cette carte postale a été éditée chez l'imprimeur Charles Vinche à Verviers (Belgique), d'après une photographie originale (nous en avons la preuve avec deux photographies originales sous deux angles différents) d'Henri LANREZAC.

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AUBERTIN indique au lieutenant JACQUIN où doit se placer SAMORY… Lieut. BERNARDIN 1898

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Médine en 1899. Le haut lieu de mémoire où repose Paul HOLLE

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Légionnaires repartis sur des voitures Lefebvre

Au Soudan, les voitures métalliques Lefebvre furent employées en grand nombre pour les convois des lignes de ravitaillement.

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Tirailleurs soudanais à Kayes 1898

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Spahis* soudanais (chargeant). Exercices peloton Nioro

*Corps de cavalerie intégré, après la conquête d'Algérie par les Français, en Afrique noire. Une photographie très rare prise sur le vif.

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Officiers et sous-officier poste Bafoulabé

Bafoulabé, dans la région de Kayes, fut le premier Cercle créé au Soudan, en 1887. Rappelons que l'armée d'Ahmadou fut repoussée à Bafoulabé et mise en déroute à Kalé.