HEURES à l'usage de Rome 1470

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Le petit format du livre, les marques de provenances prestigieuses (bibliophiles français et anglais), les choix iconographiques rares, la facture picturale soignée et l’homogénéité du décor font la qualité de ce manuscrit.


« L’art de l’enluminure atteint son apogée au XVe siècle sous l’impulsion des ducs de Bourgogne. Après la mort de Philippe le Hardi en 1404, ses héritiers étendent progressivement leur pouvoir aux anciens Pays-Bas méridionaux, constitués de nombreux territoires du nord de la France et de l’actuelle Belgique. Jean sans Peur, Philippe le Bon et Charles le Téméraire sont à la fois des mécènes et des bibliophiles actifs. Ils délaissent le foyer artistique parisien pour s’approvisionner dans leurs possessions les plus prospères, la Flandre, l’Artois, le Brabant et le Hainaut. Par goût personnel ou pour affirmer aux yeux de leurs voisins leurs visées politiques, ils s’adressent aux meilleurs enlumineurs de leur temps, contemporains de Jan Van Eyck ou Rogier Van der Weyden et c’est à Bruges, Anvers, Bruxelles mais aussi Hesdin, Lille ou Valenciennes que les manuscrits sont réalisés. La demande étant aussi soutenue par les fonctionnaires et ecclésiastiques de haut rang, les courtisans ou les bourgeois fortunés, la production du livre enluminé va connaître un essor sans précédent. » (Extrait, Miniatures flamandes 1404-1482, B.n.F. François-Mitterand, 2012).

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Sous la plume de l'historienne de l'art Ilona Hans-Collas.

HEURES à l’usage de Rome

Bruges, vers 1470.

UN MANUSCRIT ENLUMINÉ DE TRÈS BELLE QUALITÉ SUR PEAU DE VÉLIN, ORNÉ AVEC UN GRAND LUXE ET DÉCORÉ DE 11 MINIATURES DE BELLE FACTURE


Parchemin, 173 feuillets, 99 x 70 mm ; justification 62 x 41 mm (58 x 42 mm pour le calendrier), réglure à l’encre rose, 17 longues lignes. Lacunes entre les f. 12 et 13, f. 82 et 83 et 102 et 103.


Reliure en maroquin olive de la fin du XVIIe siècle, 105 x 75 x 33 mm, décor doré à la dentelle formant une bordure (13 mm) sur les deux plats ; dos orné de motifs de fleurs et de feuilles dorés ; au dos inscription en lettres dorées : OFFICI B.M. VIRGIN ; tranches dorées.

Superbe exemlaire d'une grande fraîcheur conservé dans un très beau coffret moderne en plein maroquin noir.         

Pages de garde (dont gardes collées) en papier marbré avec motif de coquille au début et en fin de volume ; deux feuillets de garde, modernes, en parchemin au début du volume, trois autres feuillets de garde en papier en fin de volume (papier marbré collé sur le dernier). Foliotation moderne.


Vendu


11 miniatures à pleine page (les dimensions des miniatures varient entre 69-71 x 44-45 mm). Elles ont été réalisées en peinture couvrante, avec l’utilisation de l’or peint. Elles sont arrondies dans leur partie supérieure. Toutes les miniatures sont entourées d’un fin cadre doré (or bruni) souligné de filets noirs et de couleurs.


13 initiales historiées (d’une hauteur de 7 interlignes, environ 25 mm de haut). Initiales peintes en bleu avec des ornements blancs, cadre peint en or bruni.


14 initiales ornées sur fond doré (or bruni, 5 ou 7 interlignes) au début de chaque office et sous les rubriques en rouge, les plus grandes dans les heures de la Vierge, de laudes à complies. Décor de rinceaux aux feuilles trilobées vertes, bleues et roses.


Format bibliographique: 99 x 70 mm


Initiales champies (lettres dorées entourées de rose et de bleu), plus petites, au début de chaque mois du calendrier (KL) et au début de chaque séquence de prière (2 interlignes). Une seule initiale est plus grande (3 interlignes), peinte au début de l’évangile de saint Jean et ornée de jolis rinceaux avec des fleurs à trois pétales, roses et bleues, avec des feuilles dorées (f. 30 v°). Baguettes champies reliant l’initiale ornée aux bordures. Nombreuses petites initiales alternativement or filigranées en noir et bleues filigranées en rouge (1 interligne). Ces filigranes se prolongent souvent dans les marges. Une alternance de couleurs pour les bouts-de-ligne qui rythment les litanies (f. 113-117 v°) : divers motifs (motifs tressés, ondés, obliques, etc.) sont alternativement peints en or et en bleu.


DÉCOR MARGINAL SUR TOUS LES FEUILLETS ILLUSTRÉS ET CEUX EN REGARD. Encadrements ornés pour les miniatures à pleine page et bordures sur trois côtés pour les feuillets illustrés d’initiales historiées. Décor entouré d’un filet rose. Le décor, dense et harmonieux, est essentiellement composé de motifs végétaux : acanthes filiformes, bleues et roses, aux nervures soulignées de pointillés blancs ; fines tiges fleuries aux feuilles vertes. On reconnaît notamment des roses et des pâquerettes fermées, d’autres fleurs plus stylisées. Fruits (fraises, mûres). Points dorés, noirs et bleus entre ces motifs végétaux.


ÉTAT DE CONSERVATION. Bon état de conservation. Quelques encadrements et bordures sont légèrement frottés (p. ex. ff. 20, 36, 90) sans gravité. Quelques feuillets tachés (f. 173-174) sans gravité. Feuillets légèrement rognés de quelques millimètres lors de la nouvelle reliure (XVIIe-XVIIIe siècle).

Trois feuillets, comportant de grandes miniatures, sont manquants. Ces miniatures devaient illustrer le début des Heures de la Croix (f. 13), le début de Vêpres dans les Heures de la Vierge (f. 83) et le début des Psaumes de pénitence (f. 103). Leur perte n’entraîne aucune lacune de texte. Ces feuillets ont été ôtés à une époque indéterminée peut-être à la fin du XIXe siècle et certainement après la vente Rouard de 1879 (voir plus loin).


Anciens possesseurs - provenances:

Le manuscrit ne présente pas de marques de propriété d’origine (XVe siècle).

Le calendrier donne de nombreux noms de saints vénérés en Flandre et notamment à Bruges (Rémi, Bavon, Donatien). Quelques initiales historiées montrent des saints franciscains – saint François d’Assise, saint Antoine de Padoue, sainte Claire – (saints que l’on retrouve dans les litanies) ce qui pourrait indiquer une dévotion particulière du commanditaire. Les prières à la Vierge (f. 159 et 162) sont rédigées au masculin.

La prière en catalan ajoutée en fin du volume semble indiquer un nouveau possesseur au XVIe siècle.

Le manuscrit conserve plusieurs marques de possesseurs des XIXe et XXe siècles (notes et ex-libris). Il a fait partie de prestigieuses collections particulières de France, d’Angleterre, de Belgique et de Suisse.

Le manuscrit lui-même et les catalogues de ventes permettent de reconstituer son parcours.


  1. Le manuscrit a appartenu à Étienne-Antoine-B. Rouard de 1835-1879.

Indication manuscrite à l’encre noire, au verso du feuillet de garde en papier en début du volume :

Rouard. Marseille, Aix, 14. xbre. 1835.

Etienne Antoine B. Rouard (librarian at Aix en Provence) b. 1792, d. 1873.

Lot 40 in the Etienne Rouard sale at Paris 17 Feb 1879.

Cette note est de la main de Sydney Cockerell (voir plus loin).

 

Étienne-Antoine-Benoît Rouard (1792-1873). Archéologue et bibliothécaire à Aix-en-Provence, membre de l’Académie d’Aix-en-Provence, directeur de la Commission d’archéologie mise en place par cette ville en 1841 (source : http://data.bnf.fr/13010522/etienne-antoine_rouard/).

L’imposant catalogue de vente (de plus de 700 pages), publié en 1879, témoigne de la richesse de sa collection composée de plusieurs milliers de livres manuscrits et imprimés, anciens et modernes (voir bibliographie).

La notice introductive d’Émile Picot dresse un tableau complet sur le parcours du savant bibliophile, antiquaire et bibliothécaire. Dès 1840, il avait achevé la rédaction du catalogue des manuscrits légués par le marquis de Méjanes à la bibliothèque d’Aix. Sa collection privée prit une ampleur considérable, réunissant des ouvrages relatifs à la littérature, l’histoire locale, l’archéologie. Il avait acquis ses principaux manuscrits de la famille Martin de Marseille qui en 1837 avait acheté les fonds de M. de Nicolaï d’Arles (Picot, p. XII).

L’indication des villes de Marseille et d’Aix dans le manuscrit pourrait être une allusion à cette provenance mentionnée par Picot. La vente de la collection de Rouard eut lieu six ans après la mort de celui-ci (17 février 1879). Le manuscrit figure dans le catalogue sous le numéro 40 (rubrique théologie-liturgie) :

40. Horae Beatae Mariae Virginis, petit in-8, mss., mar. vert, dent., tr. dor. (Rel. anc.). Manuscrit du XVe siècle sur vélin de 98 mill. sur 65. 14 grandes miniatures représentant diverses scènes de la Vie de Jésus-Christ et 13 petites qui accompagnent les prières à la Vierge et aux saints par lesquelles il se termine.

 

Sur le dernier feuillet on a écrit une prière en catalan.

 

Actuellement le manuscrit ne conserve plus que 11 grandes miniatures ce qui confirme que trois feuillets ont été ôtés après la vente de 1879.


  1. Le manuscrit a appartenu à Sydney Cockerell dès le début de XXe siècle.

Indication manuscrite, à l’encre noire, au recto d’un feuillet de garde en papier en fin de volume (même écriture que la mention précédente concernant le libraire Rouard) :

In the third portion of the Huth sale (June 2-12, 1913) there were two Flemish Books of Hours closely related to this one, nos 3809 and 3818. No 3809 was on a larger scale, & of better workmanship, but very similar in style. No 3818 was of about the same size, with the same contents and almost the same pictures, except that it ended with O intemerata and lacked the memoriae occupying ff. 164-171 of this book.

See Swarzenski and Schillings Die illuminierten Hss. in Frankfurter Besitz, 1929 no. 143, Pl. LXIV for a Horae oft the same size from the same atelier.

(voir référencé dans la rubrique bibliographie).

Sur le feuillet de garde en regard : 05/-/- écrit à l’encre noire (probablement le début d’une date) et à côté au crayon (dans une écriture moins soignée) Sir Sydney Cockerel D3.


Sir Sydney Cockerell (1867-1962). Prestigieux collectionneur et bibliophile. Il fut conservateur et directeur du Fitzwilliam Museum de Cambridge de 1908 à 1937 (https://dictionaryofarthistorians.org/cockerells.htm). Ses publications portent sur la gravure et les manuscrits enluminés. Il faut notamment citer l’important catalogue d’exposition dont Cockerell fut l’instigateur en 1908 réunissant près de 270 manuscrits anglais, flamands, français, germaniques, italiens et espagnols (Burlington Fine Arts Club. Exhibition of Illuminated Manuscripts, Londres, 1908). Y figuraient une quinzaine de manuscrits de sa collection privée.

De son vivant, Sydney Cockerell a vendu des manuscrits de sa collection. Les plus importantes ventes ont eu lieu en 1957 et 1958. Mais le collectionneur a vendu des manuscrits bien avant cette date (voir plus loin). Certains de ses manuscrits sont restés en main privée, d’autres ont rejoint des collections publiques comme la British Library de Londres, la Bibliothèque royale de la Haye, la Bibliothèque universitaire d’Utrecht ou encore la Fondation Bodmer de Genève.

Le présent manuscrit est entré dans la collection de Cockerell au début du XXe siècle. La notice de la vente Sotheby’s de 1963 (voir plus loin) indique la date du 12 février 1902 qui aurait été écrite de la main de Cockerell sur un feuillet de garde (qui actuellement n’est plus conservé dans le manuscrit). En revanche, la notice de E. König dans le catalogue Tenschert (1991, p. 111) indique la date du 12 février 1912. L’absence du feuillet de garde ne permet plus de vérifier cette date d’acquisition (1902 ou 1912). Le manuscrit quitta la collection de Cockerell probablement dans les années 1930.

Remarquons que le manuscrit a dû avoir un autre possesseur entre la vente Rouard de 1879 et l’acquisition par Sidney Cockerell quelques décennies plus tard.


  1. Le manuscrit a appartenu à A. E. Tuke et A. W. Tuke de 1939 à 1963.

Le catalogue de la vente chez Sotheby’s à Londres qui eut lieu le 9 décembre 1963 précise que le manuscrit appartenait à Madame A. W. Tuke. A. E. Tuke l’aurait acquis en juin 1939 (notice d’E. König dans le catalogue Tenschert, 1991, p. 111).

Les manuscrits présentés à la vente de 1963 appartenaient à des propriétaires très divers.


  1. Achat par Maggs à la vente de Sotheby’s en 1963

L’acquisition par Maggs – libraire londonien – pour la somme de 500 £ est signalée par Christopher de Hamel dans son article consacré aux manuscrits de Cockerell (De Hamel, 1987, p. 196).

[C. de Hamel, Corpus Christi College, Cambridge, a été responsable du département des Manuscrits enluminés chez Sotheby’s de 1975 à 2000].


  1. Acquisition par Carlo de Poortere

Carlo de Poortere (1917-2002) : collectionneur et bibliophile belge (Courtrai - Kortrijk, Belgique), héritier de l’entreprise flamande de fabrication de tissus et de tapis (De Poortere Frères, Louis de Poortere).

Son ex-libris figure sur la garde collée, en papier marbré, du plat supérieur : macaron octogonal, en cuir rouge, avec l’inscription dorée EX LIBRIS CARLO DE POORTERE, surmontée d’un dessin doré d’un métier à tisser, motif qui rappelle l’activité de la célèbre manufacture familiale.


  1.  Acquisition de la collection de Carlo de Poortere par Heribert Tenschert en 1991

Heribert Tenschert (Antiquariat Bibermühle AG), Bibermühle, Ramsen (Suisse) : libraire, antiquaire, conseiller (http://www.antiquariat-bibermuehle.com/). Achat de toute la collection de manuscrits de Carlo de Poortere, soit quarante manuscrits, en mars 1991. Vingt-huit parmi eux sont présentés dans le catalogue Leuchtendes Mittelalter, rédigé par E. König et publié la même année 1991. En 1996, le manuscrit figure dans un autre catalogue de H. Tenschert proposant des manuscrits « encore disponibles ».


  1. Acquisition par Jacques Servier après 1996

Jacques Servier (1922-2014), docteur en médecine et en pharmacie, fut le fondateur et président des laboratoires Servier. Amateur d’art, il possédait une riche collection, composée notamment de meubles, d’objets d’art, de tableaux, de manuscrits.


[remarque : le numéro 27 apparaît à deux reprises dans le manuscrit : sur un macaron blanc sur le feuillet en papier marbré du début (en face de l’ex-libris de De Poortere) et au verso du feuillet de garde en papier au début (mentionnant le libraire Rouard), dans l’angle inférieur gauche].


Contenu (texte):

Texte en latin, à l’exception d’une prière ajoutée en catalan (f. 172-173).

Une écriture gothique carré très formelle, une textura (Textus Quadrutus), assez régulière, à l’encre rouge et noire. les lettres sont régulières, posées et bien formées.


F. 1-12 vo : calendrier, en latin ; pas d’indication à chaque jour ; les fêtes sont indiquées en rouge (les plus importantes) et en noir. Parmi les saints significatifs, on remarque notamment, en rouge, les noms de saint Amand au 6 février, saint Basile au 14 juin saint Éloi, deux fois (25 juin, fête de la translation, et le 1er décembre), saint Gilles au 1er septembre, saint Remi et saint Bavon au 1er octobre, saint Donatien au 14 octobre, saint Éloi au 1er décembre et saint Nicaise au 14 décembre.

En noir, on remarque notamment saint Adrien au 4 mars, sainte Gertrude au 17 mars, saint Lambert, évêque, au 17 septembre, saint Bertin au 6 septembre (au lieu du 5 septembre), saint Hubert au 3 novembre.

À signaler aussi, car plus rare, les noms de deux papes : saint Sixte, pape, au 9 avril, et saint Calixte, pape, au 13 octobre (au lieu du 14), indiqués en noir.

Le calendrier est très proche de celui de Bruges.

F. 13-18 : Heures de la Croix (miniature manquante)

F. 20-24 : Heures du Saint-Esprit 

F. 26-30 v° : Messe de la Vierge 

F. 30 vo-34 v° : évangiles (Jean, f. 30 v° ; Luc, f. 31 v° ; Matthieu, f. 33 ; Marc, f. 34)

F. 36-94 : Heures de la Vierge à l’usage de Rome (miniature manquante à vêpres)

F. 96-102 vo : Heures de la Vierge pour l’Avent

F. 103-113 : Psaumes de la pénitence (miniature manquante)

F. 113-121 : litanies 

F. 123-158 v° : Office des morts à l’usage de Rome

F. 159-162 : Prière à la Vierge pour un homme : Obsecro te

F. 162-163 v° : O intemerata

F. 164-171 : Suffrages

F. 172-173 : ajout du XVIe siècle, dans une écriture cursive, en langue catalane, commençant par (Q)ui abita en lo adjutori del altisme (traduction du psaume 90). La première lettre (Q) n’a pas été réalisée.

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Illustrations:

1. Miniatures à pleine page :

Les 11 miniatures à pleine page se répartissent entre les Heures du Saint-Esprit (1), l’office de la Vierge (1), les Heures de la Vierge (7 miniatures subsistantes du cycle primitif qui en comptait sans doute 8 à l’origine), la messe de la Vierge pour l’Avent (1) et l’office des morts (1).

Trois feuillets illustrés sont manquants car, aujourd’hui, à trois endroits le début du texte n’a pas de miniature en regard : au début des Heures de la Croix (f. 14), à vêpres où devait se trouver l’avant-dernière miniature du cycle des Heures de la Vierge (f. 83) et au début des psaumes de la pénitence (f. 103).

Chaque feuillet décoré d’une grande miniature est vierge au recto et comporte la miniature et l’encadrement orné au verso. De cette manière sont construites des belles doubles pages richement ornées au début de chaque office.

 

F. 19 v° (Heures du Saint-Esprit) Pentecôte. Dans l’espace intérieur d’une église voûtée, les disciples sont rassemblés autour de la Vierge, agenouillée devant un prie-Dieu. Elle se retourne vers l’un des apôtres qui est assis entre deux colonnes et dont le geste de prière en mis en évidence. Le mouvement de la Vierge rappelle les scènes de l’Annonciation. L’apôtre assis au premier plan, probablement saint Pierre, lève le regard vers le Saint-Esprit qui descend sur l’assemblée : la Sainte Colombe est d’une blancheur immaculée.

 

F. 25 v° (Messe de la Vierge) La Vierge tenant l’Enfant est assise sur un trône sculpté qui prend place entre deux colonnes massives soutenant une voûte gothique sur croisée d’ogives. La clé de voûte sculptée culmine au-dessus de la tête de la Vierge. Quatre anges l’entourent : l’un chante, l’autre joue du luth tandis que deux autres à l’arrière sont en adoration, les mains jointes.

 

F. 35 v° (Heures de la Vierge, matines) Annonciation et Arbre de Jessé. En associant ces deux thèmes, le peintre fait preuve d’une grande originalité. En effet, les deux scènes sont rarement présentées en une seule image comme ici. Au premier plan figure Jessé, couché sur un lit et drapé d’un ample manteau. Un épais tronc d’arbre émerge de ce lit. Ses branches portent douze figures, rois et prophètes, représentés en buste et sortant de corolles de fleurs. Ils ont des vêtements et coiffes identiques, certaines ont les mains jointes. Au centre de l’arbre, une Vierge à l’Enfant se tient debout sur un large croissant de lune blanc. Des branches l’entourent, se croisent au-dessus de sa tête comme pour former un encadrement. Au sommet apparaît un Christ en croix entouré de fin rayons.

De manière inhabituelle, l’Annonciation est peinte de part et d’autre de l’arbre : à gauche, l’ange Gabriel, tenant un sceptre, apporte le message à la Vierge, représentée à droite de l’arbre. Elle est recueillie devant son prie-Dieu sur lequel est posé un livre ouvert. La Sainte Colombe est peinte à proximité de sa tête.

Cette construction de l’image, aussi rare qu’originale, réunit l’annonce de la venue du Christ, sa généalogie et la préfiguration de sa mort sur la croix. Le croissant lunaire est une allusion à l’Immaculée conception, autre symbole fort du mystère de l’incarnation. Il faut remarquer que Jessé, habituellement représenté comme un vieillard barbu, est ici imberbe ce qui est rarissime. La miniature est le reflet d’un symbolisme dévotionnel auquel le commanditaire prend certainement part. 

 

F. 52 v° (Heures de la Vierge, laudes) Visitation. Rencontre de Marie et d’Élisabeth devant un large paysage cerné, à gauche, de hauts rochers et, à droite, d’un ensemble architectural, aux nombreuses tourelles et entouré d’eau. Élisabeth, portant un costume et une coiffe de femme plus âgée, touche le ventre de Marie.

 

F. 63 v° (Heures de la Vierge, prime) Nativité. Marie et Joseph agenouillés devant l’Enfant, couché à même le sol sur un pan du manteau de la mère. Joseph, tenant une bougie dont il protège la flamme, veille sur l’Enfant. Les mains de Marie, en prière, évoquent aussi un geste de protection au-dessus du corps nu de l’Enfant. Le groupe se détache devant une simple architecture de bois où l’âne et le bœuf sont placés derrière une large mangeoire.

F. 68 v° (Heures de la Vierge, tierce) Annonce aux bergers. L’ange apparaît dans le ciel et étend son phylactère devant trois bergers. Comme dans la Visitation, l’arrière-plan est meublé d’une architecture entourée d’eau, cette fois représentée à gauche, et de hauts rochers, cette fois à droite.  

 

F. 73 vo (Heures de la Vierge, sexte) Adoration des Mages. La Vierge tenant l’Enfant est assise sous une haute architecture de bois. Une petite palissade tressée clôt cette simple construction à l’avant-plan. Joseph apparaît discrètement dans l’ouverture d’une fenêtre et observe les trois rois s’approchant de l’Enfant. Le premier roi, âgé, a posé sa coiffe à terre et ôte le couvercle de son calice.

 

F. 78 v° (Heures de la Vierge, none) Présentation au temple. Devant l’autel, Marie, accompagnée de Joseph et de la servante, présente l’enfant à Siméon qui touche délicatement le pied de l’enfant. Un homme, vu de face, se tient à proximité, à côté d’un rideau suspendu à une tringle et fermé comme pour assurer l’intimité de la scène. La position de l’Enfant rappelle celle de la circoncision.

 

F. 89 vo (Heures de la Vierge, complies) Fuite en Égypte. La Sainte Famille avance dans un large paysage qui est constitué, comme dans les images précédentes, de volumineux rochers et d’architectures entourées d’eau. Joseph guide l’âne qui porte Marie tenant l’Enfant sur ses genoux. Jésus est vêtu d’une longue tunique blanche.

 

F. 95 v° (Heures de la Vierge pour l’Avent) Couronnement de la Vierge, agenouillée devant le trône du Christ qui la bénit tout en tenant le globe terrestre. Un ange apporte la couronne, un autre joue du luth.

 

F. 122 vo (Office des morts) Résurrection de Lazare. Lazare, drapé de son linceul surgit, mains jointes, d’un caveau creusé dans le sol. Le Christ le bénit. Il est accompagné de saint Pierre, alors que Marie Madeleine se tient près de son frère. Quelques témoins assistent au miracle.

 

Le cycle d’images qui illustrent les Heures de la Vierge est assez courant avec les épisodes de l’enfance du Christ allant de l’Annonciation à la Vierge jusqu’à la Fuite en Égypte. En revanche, la représentation de l’Arbre de Jessé est peu fréquente dans les livres d’heures flamands (voir parmi les rares exemples, le livre d’heures conservé au musée Calouste-Gulbenkian de Lisbonne, LA 144, f. 166 v° ; Flandre, vers 1480-1490). L’association de l’Arbre de Jessé avec l’Annonciation (voire la fusion des deux thèmes dans une même composition comme dans le présent manuscrit) est encore plus rare. On peut néanmoins citer une iconographie très semblable dans un livre d’heures à l’usage de Rome, enluminé vers 1500-1525 dans les anciens Pays-Bas méridionaux, conservé aujourd’hui à la Haye, au Museum Meermanno-Westreenianum, ms. 10 F 14, f. 11 v° ; http://manuscripts.kb.nl/search/manuscript/extended/page/1/shelfmark/10+F+14). Une miniature à pleine page montre Jessé assis sur un trône ; l’ange Gabriel et Marie sont de part et d’autre du trône. L’arbre accueille également les douze rois, la Vierge à l’Enfant et le Christ en croix au sommet.

Citons aussi le livre d’heures ganto-brugeois, enluminé par le Maître de Marie de Bourgogne, de la Bibliothèque nationale de Lisbonne, ms. 16 (König, 1991, p. 116).

Trois autres images honorent la Vierge : celle de la descente de l’Esprit Saint (Pentecôte), la Vierge à l’Enfant sur un trône et son Couronnement par le Christ. L’office des morts et illustré d’une Résurrection de Lazare, plus rare également.

On peut deviner les sujets des miniatures manquantes en établissant des comparaisons avec d’autres cycles peints dans des livres d’heures. La scène de la Crucifixion illustre souvent les Heures de la Croix. À Vêpres, pouvait se trouver le Massacre des Innocents. Quant à l’illustration des Psaumes de la pénitence, une scène du Jugement dernier ou David en prière ont pu y figurer.

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2. Initiales historiées:

Les initiales historiées sont placées dans la dernière partie du manuscrit, après l’office des morts, et illustrent les prières à la Vierge et aux différents saints dans les suffrages.

 

F. 159 (Obsecro te). Initiale O de obsecro. Vierge de Piété tenant le Christ sur les genoux ; saint Jean en prière.

F. 164 (suffrages). Initiale M de Michael. Saint Michel vêtu d’une tunique blanche brandit l’épée de la main droite et attrape de l’autre main le diable, cornu et poilu, qui se dresse devant lui.

F. 164 v° (suffrages). Initiale I de Inter natos… Saint Jean-Baptiste agenouillé devant l’agneau qui apparaît dans une large gloire dorée.

F. 165 (suffrages). Initiale P de Petrus. Saint Pierre avec son attribut la clé et saint Paul avec l’épée devant une architecture ; les deux apôtres sont tournés l’un vers l’autre.

F. 165 v° (suffrages). Initiale A de Adiutor omnium… Saint Jacques le Majeur dans un paysage avec ses attributs de pèlerin (chapeau orné de la coquille, bâton et besace).

F. 166 v° (suffrages). Initiale S de Salve sancte pater... Saint François recevant les stigmates. À côté, frère Léon, endormi derrière un tertre. Une ville au loin.

F. 167 (suffrages). Initiale O de O proles hispanie… Saint Antoine de Padoue dans un paysage, tenant un crucifix et un livre ouvert. Des collines et buissons derrière lui, une ville au loin.

F. 167 v° (suffrages). Initiale O de O beate… Martyre de saint Sébastien : un bourreau le transperce de flèches. Un grand édifice à l’arrière-plan.

F. 168 (suffrages). Initiale O de O martir… Saint Christophe portant le Christ sur son épaule traverse la rivière appuyé sur son bâton.

F. 169 (suffrages). Initiale C de Celeste beneficium… Sainte Anne, assise devant un drap d’honneur, en train d’enseigner, un livre ouvert posé sur ses genoux. Marie d’un côté et l’enfant Jésus de l’autre.

F. 169 v° (suffrages). Initiale O de O virgo… Sainte Claire dans un paysage tenant une monstrance.

F. 170 (suffrages). Initiale V de Virgo sancta… Sainte Catherine tenant l’épée. Son autre attribut, la roue brisée, figure au sol à côté d’elle. Paysage maritime à l’arrière-plan.

F. 170 v° (suffrages). Initiale O de O Barbara… Sainte Barbe, vêtu d’une robe rouge, porte une palme, symbole de son martyre, et se tient au pied d’une tour massive, son attribut habituel.

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Style, attribution et datation:

Les illustrations présentent un caractère homogène. Toutefois, les grandes miniatures sont plus soignées que les petites initiales historiées, esquissées plus rapidement.

Les grandes miniatures ne faisant que 7 cm de hauteur montrent une belle facture picturale, une riche palette chromatique et un dessin précis. Les compositions sont variées. Certaines sont placées dans un intérieur architecturé où l’artiste peint les voûtes d’ogives portées par des colonnes massives. Ces éléments d’architecture sont polychromes : colonnes rouges, chapiteaux verts, voûtes bleutées ou rosées. D’autres scènes prennent place dans des paysages simplifiés, ponctués de collines, de rochers aux pierres volumineuses empilées, de bosquets et de grandes constructions entourées d’eau. Parfois le peintre crée des ouvertures à travers une architecture largement aérée pour faire entrevoir des paysages lointains, tel dans la Vierge à l’Enfant (f. 25 v°). Dans les vues paysagés, l’artiste joue sur les plans différents. Dans l’Annonce aux bergers (f. 68 v°), seuls deux hommes sont représentés à l’avant-plan, entourés de leurs moutons, le troisième apparaît discrètement derrière un petit monticule.

Les compositions sont équilibrées, certaines parfaitement symétriques quand le sujet s’y prête comme la Vierge à l’Enfant trônant. Le peintre crée des épisodes vivants, optant pour des détails ou des mises en scène plus rares. Ainsi Joseph assiste aux scènes de manière différente, tenant une chandelle près de l’Enfant ou observant discrètement l’arrivée des Mages à travers une simple baie derrière la Vierge.

La palette des couleurs est large allant des tons pastels jusqu’aux teintes très soutenues. Le peintre habille ses personnages de couleurs assez vives. Dans la scène de la Résurrection de Lazare (f. 122 v°), le Christ porte une tunique violette, deux autres un manteau rose vif, un autre encore un manteau de teinte orangé. Saint Joseph, les bergers ou les rois mages sont également vêtus d’habits rose-violet. En revanche, le miniaturiste réserve des tonalités pastel à des motifs secondaires, un vert clair pour le sol, un rose pâle pour les architectures. Il pose de fins rehauts dorés sur les tissus, les cheveux, les ailes d’anges, les branches de l’Arbre de Jessé ou encore sur certains éléments du paysage et des architectures. Il évite des aplats de couleurs, nuançant notamment les teintes pour les sols et le ciel.

Le dessin des visages est raffiné. Les personnages les plus importants sont particulièrement soignés. La Vierge trônant (f. 25 v°), baisse légèrement le regard sur l’Enfant qu’elle tient délicatement. L’Enfant Jésus attrape par la main un pan de la robe de sa mère. En variant les poses et les gestes, le peintre crée des images vivantes. Il augmente l’expression des visages en accentuant le modelé par des zones ombrées, des traits foncés, des lèvres très rouges, des joues rosées par des petits traits parallèles. Des lignes noires, très fines, dessinent parfois les rides et rendent les physionomies plus expressives. Beaucoup de visages se caractérisent par des bouches aux coins tombants comme si les personnages faisaient la moue.

Tous les nimbes sont dorés et cernés d’un double filet noir. Les cheveux de la Vierge et des anges sont cernés d’un fin diadème.

Le style des miniatures et le type du décor marginal appartiennent à l’enluminure brugeoise du troisième quart du XVe siècle. À cette époque, les ateliers d’enluminure sont extrêmement actifs dans cette ville prospère de Flandre. Celui de Guillaume Vrelant figure parmi les plus remarquables et prolifiques. Une large monographie lui a été consacrée (voir Bousmanne, 1997). Dans l’orbite de Vrelant travaillent de nombreux peintres. Le présent manuscrit fait partie d’une vaste production de livres d’heures, généralement à l’usage universel de Rome.

Certains détails évoquent les compositions et le style de Vrelant sans toutefois atteindre la qualité de cet enlumineur. En revanche la facture stylistique du présent manuscrit dépasse celle d’une production plus courante, parfois exportée, à laquelle participent de petits maîtres, comme le Maître aux yeux bridés (p. ex. La Haye, KB, mss. 76 F 30 et 77 L 60 ; Cambridge, Fitzwilliam, ms. 142). Le peintre du présent manuscrit est plus inventif aussi bien dans les mises en scène, le dessin de certains thèmes plus rares (l’Annonciation intégrée dans un Arbre de Jessé) que par la position de certains personnages (ceux vus de face, vers le lecteur notamment). Sa maîtrise du dessin et du modelé le rangent parmi les artistes de talent.

La proposition de l’entourage de Guillaume Vrelant (voir König, 1991) est donc intéressante. Il imite les architectures et les rochers et même les motifs de carrelage. Mais dans le modelé et le choix et l’agencement des couleurs il développe son style bien particulier.

La note écrite par Cockerell sur le feuillet de garde en fin de volume mentionne deux livres d’heures, qu’il considère proches du présent manuscrit, qui figuraient dans la vente Huth de 1913 (n° 3809 et 3818 ; voir bibliographie). L’un d’eux (n° 3818) était particulièrement proche du présent manuscrit. Ce manuscrit a fait partie de la collection Tenschert (décrit par König, in König, Tenschert, 1989, p. 223-226 (n° 38) et cité dans König 1991, p. 118). Il intégra la bibliothèque Ritman (Bibliotheca Philosophica Hermetica) d’Amsterdam (ms. 71), puis fut revendu (Sotheby’s, 19 juin 2001, n° R. 27). Sa localisation actuelle est inconnue (http://www.cn-telma.fr/luxury-bound/manuscrit421/). E. König rattache ce manuscrit à l’atelier de Vrelant et le date de 1460-1470. En effet, les parallèles entre les deux manuscrits, de petit format tous les deux, sont frappants. Le style des miniatures et le décor marginal sont très proches. Les compositions, comme par exemple la scène de la Nativité sont identiques. La façon de dessiner les sols, les architectures et les rochers est également identique. Cela permet de suggérer que ces manuscrits ont été produits dans le même atelier.

Cockerell mentionne également un autre livre d’heures, de même format et appartenant au même atelier, conservé dans les collections du Musée des arts appliqués de Frankfort/Main (Museum für Angewandte Kunst, collection Linel, LM 34). Les auteurs du catalogue, consacré aux manuscrits enluminés de Frankfort, situent le manuscrit dans l’entourage de Vrelant (Swarzenski, Schilling, 1929, p. 168-170 (n° 143), pl. LXIV). Les comparaisons sont intéressantes en ce qui concerne les compositions, les architectures, le personnage vu de face observant la scène (miniature de la Présentation au temple), mais aussi le décor marginal.

On peut également évoquer le livre d’heures brugeois, enluminé vers 1460-1470, aujourd’hui conservé à Baltimore (The Walters Art Museum, ms. W.181) et notamment le feuillet de la Nativité (f. 61 v° ; Joseph tenant une chandelle, l’aspect du bœuf) ou celui de la Vierge à l’Enfant (f. 26 v° ; avec un haut trône sculpté, carrelage typique ; http://purl.thewalters.org/art/W.181/browse).

Un autre livre d’heures, enluminé vers 1460 dans l’entourage de Vrelant, présente des compositions et un décor marginal semblables au présent manuscrit, avec notamment des constructions d’architecture polychromes et des colonnes assez massives (Londres, British Library, ms. Stowe 26 ; http://www.bl.uk/catalogues/illuminatedmanuscripts). Par ailleurs ce manuscrit est également de très petit format.

Le décor marginal du présent manuscrit avec ses motifs peu naturalistes et la forme des acanthes, de même que les petits rinceaux aux fleurs trilobées (f. 30 v°) font référence aux marges que l’on rencontre fréquemment dès les années 1450-1460.

D’autres manuscrits se prêtent à des comparaisons.

Un livre d’heures à l’usage de Rome, enluminé à Bruges vers 1470-1480, présente outre des miniatures à pleine page, des petites miniatures qui illustrent les suffrages (Paris, BNF, ms. latin 1390). Parmi les éléments voisins des miniatures du présent manuscrit on remarque notamment les rochers empilés, les architectures au bord de l’eau, les arbres secs en haut des collines. Les marges aux acanthes filiformes et aux fleurs stylisées sont également très proches. Un autre livre d’heures, à l’usage de Nantes, mais réalisé en Flandre vers le milieu ou le troisième quart du XVe siècle (Paris, BNF, ms. latin 10534) livre aussi des points communs. Les grisailles, légèrement rehaussées de couleurs pâles, présentent un style raffiné. Il évoque celui du présent manuscrit en particulier par le dessin des visages aux traits vifs et une gestuelle expressive.


Ces comparaisons qui montrent une certaine diversité stylistique de l’enluminure brugeoise du troisième quart du XVe siècle autorisent une datation vers 1470 et une localisation à Bruges.

Le petit format du livre, les marques de provenances prestigieuses (bibliophiles français et anglais), les choix iconographiques rares, la facture picturale soignée et l’homogénéité du décor font la qualité de ce manuscrit.


Ilona Hans-Collas

Ilona Hans-Collas est docteur en histoire de l’art (université Marc Bloch, Strasbourg). Elle a mené des recherches à la Bibliothèque nationale de France (Paris) et à l’Institut royal du Patrimoine artistique (Bruxelles).
Elle est spécialiste de la peinture murale de la fin du Moyen Âge et est présidente du Groupe de Recherches sur la Peinture Murale (GRPM).

Elle est co-auteur du catalogue raisonné des manuscrits enluminés dans les anciens Pays-Bas méridionaux conservés à la BnF et a été co-commissaire de l’exposition Miniatures flamandes 1404-1482 (BnF, 2012).

Récemment, elle a été co-commissaire de l’exposition Le Livre et la Mort, XIVe-XVIIIe siècle, présentée à Paris, à la Bibliothèque Mazarine et la Bibliothèque Sainte-Geneviève, de mars à juin 2019.
Elle est présidente de l’association Danses macabres d’Europe (DME), membre correspondant de l’Académie nationale des sciences, arts et lettres de Metz et membre correspondant de l’Académie royale d’archéologie de Belgique.

Ses nombreuses publications portent sur le livre ancien et la peinture murale avec un intérêt tout particulier pour le Moyen-Âge et la Renaissance ainsi que pour l’iconographie religieuse et profane.

Nous tenons à la remercier d'avoir prêté ici sa plume pour cet article.

BIBLIOGRAPHIE

Catalogue de vente : Vente collection Rouard, 17 février 1879.

Catalogue des livres manuscrits et imprimés, anciens et modernes composant la collection de feu M. E. Rouard, bibliothécaire de la ville d’Aix-en-Provence, Paris, 1879, p. 7 (n° 40).

[BNF, site Richelieu, département des Manuscrits, cote : CV-1504 (bis), exemplaire annoté]

Catalogue de vente : Sotheby’s, Londres, 9 décembre 1963.

Catalogue of Western and Oriental manuscripts and miniatures, [Londres], 1963, p. 42 (lot 138), ill.

[BNF, site Richelieu, département des Manuscrits, cote : CV-4263]

De Hamel Christopher, « Medieval and Renaissance manuscripts from the library of Sir Sydney Cockerell (1867-1962) », British Library Journal, 13, 1987, p. 186-210, manuscrit cité p. 196, n° 11. [http://www.bl.uk/eblj/1987articles/article12.html]

König Eberhard, Leuchtendes Mittelalter III. Das goldene Zeitalter der burgundischen Buchmalerei 1430-1560. Sammlung Carlo de Poortere u. a., Rotthalmünster, Ramsen, 1991, p. 111-118 (n° 6) (Katalog XXVII, Antiquariat Heribert Tenschert).

Leuchtendes Mittelalter I-VI, 1989-1994. Fazit 1996: Die noch verfügbaren Manuskripte, Rotthalmünster, 1996, p. 37 (n° 70, pl. 127) (Katalog 36, Antiquariat Heribert Tenschert).

Une grande collection. Cinq siècles d’enluminures du XIIIe au XVIIe siècles (1260 à 1654). Exceptionnel ensemble de 31 manuscrits civils ou religieux. Manuscrits, livres rares de botanique, entomologie et ornithologie, livres du XVIIe au XIXe siècles, Paris (Vincent Fraysse, commissaire-priseur judiciaire), p. 54-57 (lot 14).

Base de données, en ligne:

Schoenberg Database of Manuscripts : notices 25247, 27015, 30591, 119053

http://dla.library.upenn.edu/cocoon/dla/schoenberg/record.html?fq=lines_facet%3A%2211%20-%2020%22%20AND%20liturgical_use_facet%3A%22Rome%22%20AND%20seller_facet%3A%22Tenschert%22&id=SCHOENBERG_25247&

Telma, Luxury Bound, Corpus of manuscripts illustrated in the Netherlands (1400-1550), par Hanno Wijsman : notice 9

http://www.cn-telma.fr/luxury-bound/manuscrit9/

Ouvrages cités pour comparaisons stylistiques:

Bousmanne Bernard, « Item a Guillaume Vrelant, aussi enlumineur ». Willem Vrelant. Un aspect de l’enluminure dans les Pays-Bas méridionaux sous le mécénat des ducs de Bourgogne Philippe le Bon et Charles le Téméraire, Bruxelles, 1997.

Catalogue of the famous Library of Printed Books and Illuminated Manuscripts, Autograph Letters and Engravings collected by Henry Huth, and since maintained and augmented by his son Alfred H. Huth. The Printed Books and Illuminated Manuscripts. Third portion, Londres, Sotheby, Wilkinson & Hodge, 2 et 9 juin 1913, p. 1097 (n° 3809) et p. 1101 (n° 3818).

[BNF, site Richelieu, département des Manuscrits, cote : CV-855 (bis)]

König Eberhard, Tenschert Heribert, Leuchtendes Mittelalter. 89 libri manu scripti 89 illuminati vom 10. bis zum 16. Jahrhundert, Rotthalmünster, 1989, p. 223-226 (n° 38) (Katalog XXI, Antiquariat Heribert Tenschert).

Swarzenski Georg (éd.), Schilling Rosy, Die illuminierten Handschriften und Einzelminiaturen des Mittelalters und der Renaissance in Frankfurter Besitz, Frankfort/Main, 1929.

[ex. de cet ouvrage conservé à la bibliothèque de l’INHA, cote : Fol J 247]


Ouvrage à consulter :

Miniatures flamandes 1404-1482

Sous la direction de Bernard Bousmanne et Thierry Delcourt

Avec la collaboration de Ilona Hans-Colas, Pascal Schandel, Céline Van Hoorebeeck et Michiel Verweij

Paris, Bibliothèque nationale de France/Bibliothèque royale de Belgique, 2011.

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