BAUDELAIRE. Les Épaves

L’un des rarissimes 10 exemplaires imprimés sur papier de Chine.

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BAUDELAIRE (Charles).

Les Épaves, avec une eau-forte frontispice de Félicien Rops.

Amsterdam, À l’Enseigne du Coq [Bruxelles, Poulet-Malassis], fin février ou début mars 1866.

Un grand in-12° (205 x 135 mm) ; 2 feuillets non chiffrés (faux-titre portant au folio verso l'indication du tirage de luxe, la justification de l'exemplaire et la page de titre rouge et noir) ; 2 feuillets non chiffrés pour le frontispice typographique et son explication ; II pp. [Avertissement de l’éditeur (Poulet-Malassis)] et 163 pp. y compris le titre de départ pour chaque pièce et pour chaque division du recueil, ainsi que la table in-fine.

Un plein maroquin janséniste marron foncé, dos à nerfs pincés, titre doré poussé au dos, doublures et gardes volantes en veau glacé de couleur café utilisant la délicate et difficile technique dite du « bord à bord », coiffes filetées or, un filet doré sur les coupes, tranches dorées sur brochure, cahiers inégaux, les marges du texte sont grandes sans la moindre piqûre, couvertures† de papier demi-ton rose et dos conservé, une chemise à bandes rempliée assortie à la reliure et un étui bordé de maroquin brun garni du même papier, une reliure d’une grande finesse signée « P. L. MARTIN ».

†À ce propos, il convient de souligner que nulle couverture imprimée ni même muette n’a été composée pour cet ouvrage, mais simplement une couverture de papier.

Vendu


PROVENANCE : Ex-libris estampé à chaud sur une pièce octogonale de maroquin Lavallière de la célèbre Bibliothèque d’EMMANUEL RODOCANACHI, homme de lettres et historien (RODOCANACHI frappé ici en grec : ΡΟΔΟΚΑΝΑΚΙ).

L’UNE DES PLUS PRÉCIEUSES ÉDITIONS ORIGINALES de Charles Baudelaire.

Exemplaire de luxe : L’un des rarissimes 10 exemplaires imprimés sur papier de Chine (n° 6), tous numérotés à la main au crayon graphite par l’éditeur Poulet-Malassis (un chiffre ultra-restreint), avant 250 exemplaires imprimés sur papier vergé de Hollande.

Nota : À ce jour, nous n'avons recensé que six exemplaires sur dix.


Publiées peu avant que Baudelaire ne fût frappé d’hémiplégie et sous son contrôle, Les Épaves viennent compléter le recueil des poèmes des Fleurs du Mal. Cette précieuse édition — dont une section contient les six pièces condamnées des Fleurs du Mal (précédemment insérées par Poulet-Malassis dans Le Parnasse satyrique du XIXe siècle, prétendument publié à Rome [Bruxelles, Poulet-Malassis 1864], à l’enseigne des sept péchés capitaux) —, et dix-sept poèmes nouveaux parus dans divers journaux et revues que le poète n’avait pas retenus pour la seconde édition des Fleurs du Mal, en 1861 — cela explique son titre d’Épaves, et publiés ici pour la première fois en volume, dont douze des plus beaux et des plus célèbres poèmes de Baudelaire : Le Coucher du soleil romantique, Le Jet d’Eau, Les Yeux de Berthe, Hymne, Les Promesses d'un visage, Lola de Valence, Le Tasse en prison, La Voix, L’Imprévu, La Rançon, etc.

Une eau-forte originale et pointe sèche sur papier de Chine.

Le frontispice, ici, en premier état sans l’adresse de l’imprimerie J.-H. Briard est tiré sur papier de Chine et, en regard, protégé par un papier Chine sur lequel est imprimé en rouge l’Explication composée par Poulet-Malassis d’après les notes de Félicien Rops. Il existe plusieurs états successifs du frontispice.

Félicien Rops (1833-1898) composa en 1866 le frontispice du recueil de poèmes Les Épaves d’après les indications de Charles Baudelaire, gravé avec son agrément et qui, avant d’être réalisé, avait donné lieu, entre l’auteur, l'éditeur et l’artiste graveur, à une longue correspondance (publiée) assez mouvementé où l’on voit quelles recherches, quels soins avaient présidé à la réalisation de cette estampe. Le motif central de la composition est l’arbre de vie (un squelette arborescent) nourri par les Sept Péchés Capitaux figurés par des plantes vénéneuses. Cette illustration introduit le thème du squelette dans l’œuvre du poète. La signature de l’artiste se trouve dans la représentation du dessin en bas au centre : « Félicien Rops ».

Tirage restreint et rareté, perfection matérielle, contenu poétique incomparable, font de cette œuvre, l’une des plus précieuses éditions originales de Charles Baudelaire.


BIBLIOGRAPHIE

– Catalogue BnF, Charles Baudelaire, Exposition organisée pour le centenaire des Fleurs du Mal, Paris, 1957, n° 328, p. 74 (pour l’exemplaire imprimé sur papier de Chine de la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet dans une reliure de Gruel, absence des couvertures, rousseurs, court de marge, le numéro de la justification au crayon graphite est erroné et illisible) ; – Carteret, Le Trésor du Bibliophile Romantique et Moderne, t. I, p. 127 ; – Clouzot, Guide du Bibliophile Français, Nouvelle Édition, p. 44 : « Rare et très recherché » ; Claude Pichois, Baudelaire, 1996, Paris, Éditions Fayard, p. 549 ; – Pierre Pachet, L’année Baudelaire, n° 11-12, 2007-2008, p. 222.

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