Eugène BRUSSAUX. Mission MOLL

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MOLL (Lieutenant-colonel Henri), officier et explorateur (1871-1910), il dirige la mission française.

BRUSSAUX (Eugène [1858-1909]), « photographe-ethnologue » auteur de la plupart des beaux clichés, ainsi que son collaborateur MUSTON (Étienne [1864-1949]), deux civils photographes lors de l’expédition.


Mission MOLL 1905 – 1907 Congo-Cameroun ou « Commission Congo français, de la Sangha au Tchad »

Sans lieu [Paris], sans nom d’éditeur, 1907.


Un demi-chagrin marron foncé à coins, plat en percaline rouge brique, titre imprimé à froid sur le premier plat, dos à nerfs, titre or poussé au dos, filets dorés, filets de mors à froid, un album contenant 43 feuillets en papier Canson buvard à fort grammage montés sur onglets, de couleur marron chataigne, non rognés, sur lesquels sont apposés (folio recto) 289 photographies originales légendées à la plume, encre sépia, sur de petites étiquettes contrecollées sur le montage. Une écriture manuscrite soigneusement calligraphiée. Une reliure d’époque (éditeur) conservée dans un étui. Un excellent état général.

Le titre Mission MOLL 1905 – 1907 Conco-Cameroun imprimé à froid sur le plat supérieur tient lieu de page de grand titre.

Un rare album photographique relié, format grand in-folio, constitué d’un ensemble de 289 épreuves gélatino-argentiques, de divers formats entre H_5,5 cm L_8 cm et H_22,5 cm L_36 cm portant les indications essentielles et ordonnées selon l'ordre chronologique de l'exploration.

Ce précieux corpus constitue une base iconographique documentaire exceptionnelle. L’ensemble présente une qualité excellente des tirages sur papier photographique.

Format bibliographique : H_55 cm L_44 cm


Prix sur demande – price on request


BIBLIOGRAPHIE

UNIQUEMENT 3 exemplaires sont répertoriés dans les dépôts publics :

a. BnF, cote : Sg We-260 (fonds Société de Géographie de Paris, album complet 289 tirages).
b. Musée du quai Branly – Jacques Chirac, cote : PA000052 (l'album porte un envoi autographe signé d’Henri Moll [10 décembre 1907], mais il est incomplet 283/289 tirages).
c. Archives nationales, Section Outre-mer, ville d'Aix-en-Provence, cote : 8Fi 347 (album complet 289 tirages).


a. BL [Base Léonore (Légion d’honneur)]. Archives nationale ; site Pierreffite-Sur-Seine, cote : LH//1899/59. Dossier Légion d’honneur Alexandre Marie Frédéric Henry MOLL.

b. SHD (Service historique de la Défense) : Ville de Caen, cote : AC 21 P 91798 et AC 21 P 517520. Dossier d’archives Alexandre Marie Frédéric Henri MOLL.


– Jean d’ARBAUMONT, Hommes et Destins, Paris, Académie des Sciences d’Outre-Mer, tome V, pp. 393-398 (référence : l’album photographique « Mission Moll » fonds BnF).

– BnF, Exposition l’Exploration du monde, Trèsors photographiques, Société de Géographie de Paris, Afrique : la mission Moll par Antoine Lefébure et Séverine Charon.

– Numa BROC, Dictionnaire Illustré des Explorateurs […], I Afrique, p. 234 avec une photographie de Brussaux reproduite dans la notice : Vaneuse Moudan.

– Georges BRUEL, Bibliographie de l’Afrique Équatoriale Française, coll. 704.

– Eugène BRUSSAUX, Photographies de la mission Moll et notes de M. Brussaux, Paris, La Géographie, vol. XVII, 1908, p. 163.

– Didier CARITÉ, Brussaux Eugène, photographe de la mission Moll (1905-1907), À compte d’auteur, mars 2006, 15 pp., brochure.

– Antoine LEFÉBURE, Explorateurs photographes, Paris, Édition La Découverte, 2003, pp. 124-131 (7 photographies de Brussaux reproduites dans le chapitre : Le commandant Moll).


PROVENANCES :

• Le présent exemplaire porte, sur une page de garde, un envoi autographe signé d’Henri Moll à Marcel Saint-Germain, avocat et sénateur d’Algérie à Oran de 1900 à 1920 : « A Monsieur Saint Germain. Sénateur // Hommages respectueux HMoll // 24 12 07 »

• Jean-Paul MORIN : Vente Drouot, Collection Jean-Paul Morin, Paris, 4 novembre 2011, lot n° 182.


Analyse du corpus

Portraits, vie quotidienne, danses, paysages… La majorité des photographies de cet album relié furent prises par Eugène Brussaux. Son écriture offre une impression d’instantané dans les photographies, les scènes sont composées avec soin, les portraits sont libres, humanistes et spontanés. On note également que l’album respecte l’ordre chronologique de l’expédition et contient toute la sélection des clichés qui ont été édités pour ce recueil photographique.

Vues des ethnies suivantes : Pandés, Bayas du Sud, Labbis, M’Boums, Bayas du Nord, Moundans, Toubouris dans les pays suivants, Congo, Cameroun, Tchad et Nigéria.


Présentation & contexte

Les militaires pionniers de l’exploration au cœur de l'Afrique.

Le commandant Henri MOLL. La délimitation frontalière du Congo et du Cameroun.

En 1905-1906, à la suite du regrettable incident de Missoum-Missoum1, une Commission franco-allemande de délimitation frontalière, sous le commandement du commandant Henri Moll, pour la France, et du capitaine Von Seefried pour l’Allemagne, aborne précisément la frontière orientale du Cameroun, pendant que le capitaine français Antony Cottes et le capitaine allemand Foerster opère sur la frontière méridionale. Le « Bec de canard2 », angle formé par le Chari et le parallèle choisi comme frontière par la convention de 1894, est amputé à notre profit et diverses rectifications sont adoptées à l’avantage de l’une et l’autre puissance européenne. La convention de Berlin du 18 avril 1908 ratifie ces importantes modifications de frontières.

Partant des frontières tracées en 1885 sur des cartes très approximatives, les deux nations souhaitent à présent aboutir à un abornement précis des frontières. Deux expéditions pacifiques sont chargées de ce travail :
• La « mission MOLL », expression médiatique française synthétisant la dénomination exacte : commission franco-allemande Moll-Von Seefried de délimitation frontalière du Congo français, avec sa dépendance du Tchad, et du Cameroun allemand.
• La « mission COTTES », ou Cottes-Foerster, commission de délimitation frontalière du Congo français (Gabon et Moyen-Congo) et le sud du Cameroun allemand 1905-1908.

Précison que la fixation des frontières a encouragé les itinéraires pédestres (routes de brousse) qui se sont ramifiés dans tout le pays. Ceux-ci seront suivis ou couplés de réseaux routiers à partir de 1920, afin de parachever la découverte du territoire.


Pour cette nouvelle campagne, 12 novembre 1905 – 10 janvier 1907, le commandant Moll est secondé par le lieutenant Charles Marius Mailles et par l’enseigne de vaisseau Henri Dardignac chargé d’effectuer les observations astronomiques et les relevès topographiques. Ces deux officiers reçoivent l’aide de trois autres militaires, mais également de deux civils, Brussaux et Muston qui emportent chacun du matériel photographique, ce que fait aussi le commandant Moll. Le docteur Charles Ducasse, en plus de sa fonction de médecin des Troupes coloniales (il sera très sollicité durant l’expédition), effectue principalement des recherches scientifiques, ethnologiques, épidémiologiques et économiques (coton, caoutchouc). En outre, cinq soldats assurent la logistique et la sécurité des convois. Ils sont acompagnés de trente tirailleurs africains et de deux cents autochtones porteurs recrutés en fonction des besoins dans les régions traversées.

En dix-huit mois, l'officier Moll et son homologue allemand Seefried vont donc parcourir vingt mille kilomètres malgré les plus formidables difficultés et effectuer des rapports détaillés sur cette région inconnue, le dernier des « grands blancs3 », au milieu des populations indigènes farouches, implaquable et anthropophages. À son retour, le commandant Moll rapporte dans ses malles non seulement une carte détaillée et complète de tout le Congo occidentale sur dix degrés de lattitude, mais une série de rapports scientifiques et de photographies qui jettent une vive lumière sur ces peuplades et ces régions quasi ignorées des Occidentaux. À Paris, moment de pose, sans majesté, sans préocupation de la galerie, il constitue quelques rares exemplaires de l’album des photographies de la mission (dont celui-ci), crédit apporté au témoignage oculaire de tout ce qu’a pu représenter d’énergie et d’effort l’exploration de ce territoire hostile d’outre-mer. Présenté dans une somptueuse reliure décorée, un exemplaire de luxe en est remis au président de la République Armand Fallières ainsi qu’à l’empereur allemand Guillaume II.

Bien plus, du point de vue scientifique, dans l’ensemble des différentes disciplines, la « Mission MOLL » contribua, en particulier grâce aux photographies d'Eugène BRUSSAUX, à conserver la mémoire de scènes historiques et traditionnelles de l'Afrique centrale. Nous ne sommes pas éloignés de croire qu’un précieux patrimoine iconographique a pu être ainsi sauvegardé.

1. L’incident de frontière survint en 1905 à Missoum-Missoum. Le poste, français, mais reconnu ultérieurement comme situé en territoire allemand (à trois kilomètres de la frontière), fut attaqué le 9 mai par les troupes allemandes. Le chef de poste et quatre miliciens furent tués. Ce drame incite alors les deux pays à s’entendre définitivement sur la frontière à partir de données fiables de terrain. (voir le Bulletin du Comité de l’Afrique française, Année 1905, pp. 309-310)
2. Petit territoire triangulaire situé au nord du Cameroun, entre le lac Tchad et la Benoué. La partie allemande du district au nord, fut cédée à la France en échange des cessions territoriales consenties dans le bassin du Congo.

3. L'intérieur du continent était incognitus. Précisement, l'actuel espace centrafricain.