BAUDELAIRE. Les Fleurs du Mal

La rare édition originale. LA CONDITION EXCEPTIONNELLE DE CET OUVRAGE REVÊTU DE SON BEAU MAROQUIN DU TEMPS, SA GRANDE FRAÎCHEUR INTERIEURE EN FONT UN EXEMPLAIRE RARE ET PRÉCIEUX

Baudelaire fleurs marron 1

« Le dernier poète humain, c’est Baudelaire. Il n’y a plus de grand poète français depuis Baudelaire. » (Julien GRACQ)

Baudelaire photographie

« J’ai vu dans la Revue des Deux Mondes, les horreurs de Baudelaire, serrez-lui la main pour moi. » (Lettre d'Auguste Poulet-Malassis à Asselineau, le 12 juin 1855)

Baudelaire 2

 

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Baudelaire 3

 

EXEMPLAIRE NON LAVÉ ET NON ENCOLLÉ

Baudelaire fleurs marron 2

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L’une des plus sublimes créations de l’intelligence et de la sensibilité humaines. Un livre capital.

BAUDELAIRE (Charles).

Les Fleurs Mal

Paris, Poulet-Malassis Et De Broise, Libraires-Éditeurs, 1857.

[Alençon – Imprimerie de Poulet-Malassis Et De Broise]. Marque de l'éditeur imprimé en rouge.

In-18° Jésus ; 2 feuillets non chiffrés [faux-titre et titre imprimé en rouge et noir]-248 pp. [y compris le feuillet de dédicace à Théophile Gautier] et 2 feuillets non chiffrés in fine [Table].

Demi-maroquin marron à grands coins, dos à nerfs richement orné et entre-nerfs décorés de caissons or, fleurettes or entre deux rameaux placés systématiquement, filets or, filets or pointillés poussés sur les nerfs, titre or poussé au dos chiffré en pied, filets or de mors, tranche supérieure dorée, reliure élégante ancienne (circa 1870), signée de l’atelier « R[omain] RAPARLIER », UN SUPERBE EXEMPLAIRE SANS ROUSSEURS, TRÈS RARE EN AUSSI BELLE CONDITION.

L’absence des couvertures imprimées de l’éditeur permet de dater la reliure d’avant 1870, époque où celles-ci ont commencé à être systématiquement conservées par les bibliophiles.

Sont mentionnées entre crochets [ ] des précisions qui ne figurent pas sur les ouvrages.

Dimensions : 196 x 125 mm


vendu

Sold


Quelques mots sur le Maître-Relieur ROMAIN RAPARLIER.

Romain RAPARLIER s’établi à Paris vers 1855 et exerça jusque vers 1880. Son adresse était alors 12 rue Gozlin où il s’installa vers 1870.

Romain Raparlier fut un relieur très estimé par Anatole France, dont il évoque déjà le nom dans « le Livre du Bibliophile, préface d’Alphonse Lemerre, Maestricht, Stols & Paris, Aveline, 1926 », en 1874 : « Aussi devons-nous nommer ici M. Raparlier, qui opère le laminage ou battage et le repliage pour les cartonnages de deux francs avec les mêmes soins intelligents que prennent les meilleurs ouvriers quand il s’agit d’une reliure à trente francs ou plus. Une telle façon de procéder nous fait estimer particulièrement les élégants cartonnages en demi-toile anglaise et les demi-reliures de maroquin à long grain qui sortent de l’atelier de M. Raparlier » (p. 54).

Une autre trace écrite :

« Cependant il faut toujours regarder le fond de sa bourse quand on commence à avoir la passion de la reliure. Mais à côté des très grands et très chers relieurs du jour, il y a les Smeers, les Raparlier, les Franz, les Pierson et d’autres encore qui travaillent tout aussi bien, dans de meilleures conditions et beaucoup plus rapidement. De plus, ils daignent suivre les indications du client, ce que ne font pas toujours leurs plus orgueilleux confrères. » (Jules Richard, L’Art de Former une Bibliothèque, Paris, Éd. Rouveyre & G. Blond, 1883, p. 66).

Mais encore,

« Ne pas oublier de faire toujours placer la date de l’édition en bas du dos de la reliure, sous le dernier nerf. Cela a tout à fait bon air. » (Jules Richard, L’Art de Former une Bibliothèque, Paris, Éd. Rouveyre & G. Blond, 1883, p. 62).


BIBLIOGRAPHIE


ÉDITION ORIGINALE TIRÉE À 1 100 EXEMPLAIRES SUR PAPIER VÉLIN D’ANGOULÊME, soit 1 100 exemplaires (en réalité 1 300 ex. car 200 exemplaires de passe furent imprimés en plus du contrat), en plus des 20 exemplaires (23 précisément) sur papier vergé tous distribués par l’auteur.

Exemplaire complet des 6 pièces condamnées en jugement de 1857 qui furent expurgées de nombreux exemplaires. Elles sont : « Les Bijoux », « Le Léthé », « À celle qui est trop gaie », « Lesbos », « Femmes damnées » (« À la pâle clarté… »), « Les Métamorphoses du vampire ».

Le propre exemplaire de Charles Baudelaire, conservé à la Bibliothèque Mazarine, était l’un de ceux imprimés sur papier courant de l’éditeur.


- Catalogue BnF, Charles Baudelaire, Exposition organisée pour le centenaire des Fleurs du Mal, Paris, 1957, n° 266, p. 61 (l’un des 23 exemplaires imprimés sur papier de Hollande et dédicacé).

- Catalogue BnF, En Français dans le texte, 1990, n° 276, p. 262.

- Carteret, Le Trésor du Bibliophile Romantique et Moderne t. I, p. 118.

- Clouzot, Guide du Bibliophile Français, Nouvelle Édition, p. 43 : « Très recherché, même en état médiocre ».

- C. P. M. [Contades], Collection Poulet-Malassis. Bibliographie raisonnée et anecdotique des livres édités par Auguste Poulet-Malassis (1853-1862), Paris, Rouquette, 1885, n° 14.

- Fizelère-Decaux, Essais de Bibliographie Contemporaine, t. I, Charles Baudelaire, n° 38.

- Oberlé, Auguste Poulet-Malassis. Un Imprimeur sur le Parnasse, n° 212, p. 86.

- Talvart & Place, Bibliographie des Auteurs Modernes de Langue Française, t. I, 9a, p. 284.

- Vicaire, Manuel de l’Amateur de Livres du XIXe siècle, t. I, colonne 342.


Caractéristiques et fautes typographiques permettant de discerner les exemplaires de premier tirage :

  • La faute : « Feurs du Mal » pour « Fleurs du Mal » au titre courant des pages 31 et 108.
  • La faute au premier vers de la p. 201 : « captieux » pour « capiteux »
  • Erreur de pagination : la page 45 est paginée 44.
  • Sur la page de titre : L’épigraphe de six vers extraits des Tragiques, d’Agrippa d’Aubigné, on note l’absence de la parenthèse ouvrante (et la parenthèse fermante) ainsi que les deux points après « D'Aubigné » et  « Les Tragiques, liv. II ». Ces erreurs typographiques seront corrigées sur quasi tous les exemplaires.
  • La rarissime faute « s’enhardissent » pour s’enhardissant », à la page 12 est corrigée.


Les éditeurs associés Auguste POULET-MALASSIS et Eugène de BROISE.

L’année 1856 ne devait pas s’achevée sans apporter à Charles Baudelaire un bienfait d’une importance capitale pour sa carrière littéraire. En 1855, après le flot d’insultes qui avait suivi dans la presse la publication des dix-huit poèmes parus dans la Revue des Deux Mondes, Michel Lévy, l’éditeur des Histoires extraordinaires (Edgar Poe traduit par Baudelaire, mars 1856) hésita à publier le recueil de poèmes en prose Les Fleurs du Mal. C’est alors qu’un ami du poète, Auguste Poulet-Malassis (Coco-Malperché, ainsi que le surnomma Baudelaire) prit l’aventure éditoriale à son compte, en fin décembre. Auguste Poulet-Malassis était le fils d’un imprimeur d’Alençon, élève de l’École nationale des chartes en 1848, homme de culture et de goût, il aimait le beau papier, les jolis caractères, les titres en rouge, ainsi que les ornements typographiques. En 1853, il ouvrit une librairie à Paris, 4 rue de Buci, et débuta, avec son beau-frère Eugène de Broise, par une édition anonyme des Odes funambulesques de Banville, laquelle fut suivie des Poèmes barbares de Lecomte de Lisle la même année. Après Les Fleurs du Mal (1857), viendront, entre autres œuvres, une réédition d’Emaux et Camées de Théophile Gautier, Poésies complètes de Sainte-Beuve, Les Paradis artificiels de Baudelaire (1860), la deuxième édition des Fleurs du Mal (1861).

Le premier contrat des Fleurs du Mal fut signé entre les intéressés le 30 décembre 1856. Tirage annoncé : 1 300 exemplaires. Le manuscrit fut remis à l’imprimerie Crété, à Corbeil, le 4 février 1857. Le 25 juin : Mise en vente des Fleurs du Mal, Charles Baudelaire à 36 ans.

« Sans aller bien loin en arrière, nous pouvons citer une maison d’éditeur-imprimeur dont les livres, à bon marché cependant, sont aujourd’hui primés, uniquement parce qu’ils sont exempts de faute, bien mis en page et proprement tirés. Les éditeurs Poulet-Malassis et de Broise, d’Alençon, ont publié dans le format in-18° Jésus, sous le second Empire, une certaine quantité de volumes de Charles Monselet, Baudelaire, Maxime Du Camp, Théodore de Banville, Théophile Gautier qui sont déjà très recherchés et valent souvent un louis, alors qu’ils ont été mis en vente à 3 fr. 50. » (Jules Richard, L’Art de Former une Bibliothèque, Paris, Éd. Rouveyre & G. Blond, 1883, p. 82).

Soulignons également l’excellent catalogue établi par Jean-Jacques Launay, maître d’œuvre d’une admirable exposition consacrée à l’éditeur Auguste Poulet-Malassis :
Auguste POULET-MALASSIS, Catalogue de l’exposition organisée à la Bibliothèque d’Alençon […] pour le centième anniversaire de l’édition des Fleurs du Mal, octobre 1957, textes rédigés par Jean-Jacques Launay, 1957.


La Pléiade

Les études sur la vie et l’œuvre du poète Charles BAUDELAIRE, ainsi que les bibliographies critiques sont considérables. L’édition de base est sans contestation celle de la Bibliothèque de la Pléiade : Œuvres complètes, Édition établie par Claude Pichois, avec la collaboration Jean Ziegler (pour la correspondance, 1973), Paris, Gallimard, 1975-76. Chaque œuvre est accompagnée d’une analyse critique, les notes, les variantes et les textes annexes éclairent la pensée du poète. Un bon outil de travail.


La première apparition du titre Les Fleurs du Mal

Le 1er juin 1855, La Revue des Deux-Mondes, publiée sous le titre jusqu’alors inédit, Les Fleurs du Mal, dix-huit des plus beaux poèmes de Charles Baudelaire. Selon les biographes du poète, Les Fleurs du Mal étaient insérées à titre « clinique ». La collaboration de la Revue et de Charles Baudelaire s’arrêta là. Ce n’est qu’en 1857 qu’apparaîtra la première édition des Fleurs du Mal.


Un titre calembour

À la genèse de cette œuvre d'une autre poésie, le recueil devait s’intituler assez improprement, Les Lesbiennes ou Les Limbes ; le titre, à la fois original et précis, de Les Fleurs du Mal fut trouvé en 1855 (Revue des Deux-Mondes) par le critique littéraire et romancier, Hippolyte Babou, selon Charles Asselineau. Baudelaire fut satisfait de l’association antithétique de la beauté et du mal que la postérité devait rendre célèbre.


1857 : la première édition des Fleurs du Mal.

La première édition des Fleurs du Mal comporte 5 sections : I. Spleen et Idéal ; II. Fleurs du Mal ; III. Révolte ; IV. Le Vin ; IV. La Mort. 100 pièces au total.


Quelques mots sur la seconde édition des Fleurs du Mal

Le 16 juillet1 1857, la justice saisit Les Fleurs du Mal et Baudelaire et son éditeur Poulet-Malassis sont poursuivis pour outrage à la moralité2. Ce procès littéraire fit de Charles Baudelaire un homme public. Aussi, une seconde édition fut-elle préparée. Cette publication est une « seconde édition originale », Baudelaire remanie son œuvre en profondeur en rendant l’architecture du livre plus cohérente. Cependant, le poète avait une nouvelle fois craint la réaction des autorités judiciaires, mais le garde des Sceaux décida de ne pas poursuivre cette seconde édition des Fleurs du Mal, une telle procédure risquant de fournir à l’auteur « une fâcheuse publicité ». Cette nouvelle édition n’éveilla qu’une faible curiosité chez les lecteurs, bien rares furent les journaux qui en rendirent compte et il fallut attendre quelques mois pour lire une chronique enthousiaste du jeune poète anglais Algernon Swinburne dans le journal The Spectator.

1. Le Figaro publie un article de Gustave Bourdin dans la rubrique Ceci et Cela qui, – selon Baudelaire – serait à l’origine des poursuites judiciaires.

2. Le 20 août 1857, l’affaire vint à l’audience de la sixième chambre correctionnelle. Le substitut du Procureur Impérial Ernest Pinard (qui, quelques mois auparavant, a déjà condamné Flaubert pour son roman licencieux Madame Bovary) condamne le livre « pour outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs », Baudelaire et ses éditeurs doivent payer de lourdes amendes. Quelques exemplaires subissent l’amputation de six pièces condamnées : Les Bijoux, Le Léthé, À celle qui est trop gaie, Femmes damnées, Lesbos, et Les métamorphoses du Vampire, d’autres complets, vont se vendre plus chers. Baudelaire publie quelques articles justificatifs.

Nota Bene : Ont été retrouvées dans les archives du procureur Ernest Pinard les notes des procès Flaubert et Baudelaire. Ces notes étaient illustrées de sa plume de dessins à caractère homosexuel (sodomie, etc.).

On écoute le professeur Agnès Spiquel-Courdille. Merci Madame (le libraire).

Agnès Spiquel - Les Fleurs du Mal